Je regarde les gens, leur diversité. Les grands, les petits, les moches, les vieux, les maigres et les gros, les beaux et les moches. J’observe les gens. Ceux qui prient et ceux qui pleurent en silence. Ceux qui essayent de se cacher ou d’implorer ma pitié - comme si ça allait changer quoi que ce soit-. Je les regarde sans trop rien penser, sans colère et sans amusement. Les prises d’otages étaient pourtant le genre de chose qui m'amusait tant il y a à peine un an, se moquer des gens terrorisés en attendant l’arrivée du butin dans des gros sacs portés par les hommes de main du gang. La chose me semble encore moins drôle que mon oncle raciste après trois verres durant les repas de famille. Mais aujourd’hui, je ne suis pas là pour m’amuser. Cette prise d’otage, cette immense banque ou hurle la sirène d’alerte, ces gens effrayés… Tout cela n’est qu’une façade. Je n’ai même pas pensé à demander combien valait la somme actuellement présente dans le coffre, de toute manière ce n’est pas comme si j’avais ramené de quoi l’ouvrir ou de quoi sortir le butin pour le ramener avec moi. Dommage. J’aurais pu faire un superbe shopping après si j’avais l’humeur à celà. Non, ma revendication du jour et ce pourquoi j’ai pris tous ces gens en otage se résume en une phrase: "Dites à Green Arrow de venir, lui et seulement lui”. Ce n’est pas un acte décidé sur un coup de tête, sur une impulsion, comme j’ai pu tant en faire au cours de ma vie. Ce que je suis en train de faire est bien trop risqué et trop important pour cela. Ce que je suis en train de faire est un plan qui a été réfléchi à l’avance, sous le conseil avisé de Pam. Peut-être parce que cette décision n’est pas prise uniquement pour moi mais surtout pour l’enfant qui grandit en moi. Quelqu’un bouge, peut-être pour se lever et essayer de me mettre à terre, peut-être simplement pour se replacer. Sans hésiter, je tire en l’air, faisant tomber un filet de poussière du plafond. Tout le monde panique et se replie un peu plus. Quand est-ce qu’il arrive bon sang?
Assise sur le comptoir de la banque, je ne dis rien. Je pense à cette enfant qui n’est encore pas plus gros qu’un pois chiche mais qui accapare déjà toutes mes pensées. J’y ai pensé toutes les dernières semaines, la main sur mon ventre comme en attendant un mouvement confirmant sa présence. Il ne faut pas trop que je m’y attache. Pour mon bien, pour le sien. Avec Red on en a beaucoup parlé. J’ai dû lui dire de qui il était, elle a tout de suite compris ce qui s’est passé. Elle s’en doutait. Mais Red ne s’est pas énervée, elle a été très douce avec moi. Elle a immédiatement compris que je ne veuille pas l’élever. Vous voyez l'image d' une mère criminelle? Combattant Batman avec un porte bébé dans le dos, faisant un biberon entre deux attaques du GCPD. Non, bien sûr que non, ce serait trop dangereux et fou pour un enfant. Je veux qu’il ait une vie normale, la famille aimante que je n’ai pas eu. Alors j’ai réfléchie à un moyen de faire ça, sans attirer son attention bien sûr. Red, je l’aime beaucoup mais pour discuter avec d’autres humains ce n’est pas vraiment une championne. Et puis je voulais m’en occuper seule, reprendre le contrôle un peu. J’ai réfléchie à qui pourrait m’aider et, c’est peut-être idiot mais je me suis dit qu’un de ces imbéciles en costume pourrait m’aider. Après tout, ils aiment répandre le bien non?
J’ai pensé à Batou. Après tout, il a toujours eu divers gamins en slip à l’accompagner dans son combat contre le crime. Il en a eu au moins deux ou trois de différent ça j’en suis sur et certaine alors il doit les avoir éduqué à côté, sûrement qu’il aime bien les enfants et qu’il aurait un peu de pitié pour moi? Puis je me suis dit qu’après tout ce que moi et lui, nous lui avions fait subir, ce que nous avons fait subir à un de ses enfants. J’ai cherché une autre idée. Batwoman m’avait botté le cul une fois il y a quelques années mais elle ne m’avait pas semblé le genre à rentrer chez elle et préparer le repas pour son mari et ses deux enfants, plutôt à s’avachir dans un canapé. En plus je l’avais remarqué me matant le cul. Pas la personne dont j’avais besoin aujourd'hui. Puis je me suis souvenue de Green Arrow. Archer, beau blond. Nous avions eu l’occasion de le rencontrer peut-être deux ans plus tôt lorsque mon poussin et moi. Il m’avait marqué. Pas pour son arme inutile mais plus par sa gentillesse. C’est vraie quoi, je n’avais jamais vu un héros me mettre de coup de poing avec autant de pitié dans son regard, même chez le chevalier noir. C’est idiot hein, de pense qu’un héros va accepter une criminelle notable à se cacher, va aider l’enfant d’un des pires criminels de Gotham à trouver une famille aimante pour l’élever. Pourtant je veux espérer. Je regarde le sac à mes pieds, remplis. Pas d’argent non. De mes affaires, si je dois être placée à Arkham. Si je devais le faire, je me rendrais à la police, j’échangerais ma liberté pour la vie de cet enfant. J’ai vraiment, vraiment besoin d’aide.
