L'Odeur des Tamaris [PV Roy Harper]

Robinson Park. Probablement l’endroit préféré d’Ivy dans cet enfer urbain qu’était Gotham City. Pour elle, c’était comme un petit bout de paradis, son petit jardin d’Eden sur Terre. Elle adorait s’y perdre, s’y balader, peu importe l’heure de la journée. Il lui arrivait souvent, d’ailleurs, de s’y infiltrer une fois la nuit tombée. A ce moment-là, il n’y avait plus personne, plus un seul humain dans le parc. C’était le meilleur moment, elle et toutes les plantes, toute la flore qui constituait le parc. C’était à cet endroit, seule avec ses pensées, qu’elle se retrouvait vraiment, qu’elle se sentait complète. Elle était dans son monde, elle n’avait plus à penser à autre chose. Si elle l’avait pu, elle se serait installée là pour de bon.

Oui, elle se serait installée là et en aurait fait sa base, son sanctuaire, son lieu sacré loin de toutes activités humaines. Loin de ceux qui n’avaient aucune considération pour la nature, de ceux qui ne méritaient aucune considération de sa part, juste du mépris. Elle ne supportait pas les humains : ils étaient idiots, égoïstes et surtout naïfs. Naïfs, car ils se croyaient intouchables et puissants, assez pour ne pas avoir à se soucier de l’impact qu’ils avaient sur l’environnement, leur environnement. C’était comme s’ils mettaient le feu à leur propre maison et ne jugeaient pas utile d’appeler les pompiers.

Il était tard, ce soir-là, et Ivy profitait de la douceur de l’été à Gotham à l’ombre d’un tamaris en fleur. C’était un arbre qui n’avait pas vraiment sa place en plein milieu de Gotham City, il y faisait quand même un peu trop froid et la lumière manquait. Mais contre toute attente, il était encore là, et Pamela se faisait un plaisir de venir s’en occuper, dès qu’elle le pouvait. Le tamaris est une plante solide, qui symbolise la protection, et en ça, Ivy se sentait proche de cette plante. Elle était la protectrice de la nature, de la flore, elle y était liée du plus profond de son être.

Alors quand une odeur de brûlé parvint à ses narines, son sang ne fit qu’un tour. A cette heure-ci, le parc était supposé être fermé au public. Qui pouvait bien être là et surtout, qu’est ce qui était en train de brûler ? Elle avait un très, très mauvais pressentiment. D’un bond, elle se leva et alla voir ce qu’il se passait. Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver la source de l’odeur : Trois hommes se tenaient debout face à un arbre, des bouteilles de liquide inflammable à leurs pieds et dans leurs mains, en train d’asperger des buissons et des arbres. L’un d’entre avait un paquet d’allumettes dans la main.

Ces tarés étaient en train de mettre le feu au parc.

Sans même réfléchir, Poison Ivy se précipita vers eux, pleine de rage. Ils voulaient détruire le parc ? Ils allaient devoir l’affronter avant, jamais elle ne laisserait faire ça. Elle se précipita d’abord sur celui tenant les allumettes. Elle fit pousser la branche d’un arbre les surplombants et le frappa violemment avec, l’envoyant voler à quelques mètres de là. Elle n’avait pas le temps de s’assurer qu’il soit bien K-O, il y en avait deux autres qui allaient très vite s’en prendre à elle. A l’aide de lianes, elle s’éleva dans les airs pour éviter leur attaque. Ils allaient très vite regretter d’avoir été ici ce soir-là.
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Elle était prête. Prête à attaquer, et prête à se défendre, et à défendre son petit écrin de nature. Trois hommes contre elle ? Elle n’avait pas peur, bien au contraire. Il fallait seulement qu’elle fasse attention au feu : feu et plantes ne font pas bon ménage. Mais si ce n’était que ça. De là où elle était, les trois hommes paraissaient tous petits, elle allait pouvoir les écraser, les faire disparaitre comme des pucerons sur un rosier. C’était tout ce qu’ils méritaient, après tout. Ce n’était qu’une bande d’imbéciles qui ne méritaient même pas leur place sur Terre. Ils ne se rendaient même pas compte d’à quel point respirer était un privilège pour eux, une chance.

Alors qu’elle allait lancer ses lianes sur un des hommes qui allait s’attaquer à elle, ou plutôt à ses lianes, une flèche rouge vint se loger dans l’épaule du malfaiteur. Tiens, Ivy n’était pas seule à défendre l’endroit ? Elle tourna la tête vers l’endroit d’où la flèche était arrivée, et aperçut un archer habillé entièrement en rouge. Elle arqua un sourcil, alors que l’archer se présentait. Arsenal, mh ? Oui, elle avait déjà entendu parler de lui.

« En effet, vous me dérangez, je pense que je peux m’occuper de trois misérables vermines toute seule. Et je ne vais pas me gêner pour m’en occuper. »

Sur ce, elle attrapa le dernier des trois hommes à l’aide de ses lianes et le souleva dans les airs. L’homme se débattait et hurlait pour qu’on le pose. Comme si ! Enfin, elle aurait pu le lâcher, oui, la chute aurait pu être amusante à voir, mais là, ce n’était pas comme ça qu’elle avait envie de l’achever. Non, elle avait envie de faire les choses de façon un peu plus… théâtrale. Etait-ce parce qu’un justicier était venu fourrer le nez dans ses affaires ? Peut-être. De toute façon, qu’est ce qu’il pouvait bien lui faire, mh ? Il n’avait que ses flèches pour se défendre face à la nature elle-même.

Elle laissa donc les lianes s’enrouler autour du coup du pyromane, tel un boa piégeant sa proie. Par réflexe, l’homme essaya d’arracher les tiges qui bloquaient sa respiration, mais c’était totalement inutile, il n’avait pas assez de force. Ivy voyait le visage de l’homme devenir d’abord rouge, puis violacé. Puis, lassée, elle lui brisa la nuque d’un mouvement paresseux de la main. Les lianes relâchèrent le corps qui retomba comme un poids mort. Et voilà une bonne chose de faite. La terreur se lisait dans les yeux de ses deux comparses. Ivy se laissa atterrir délicatement, et se tourna vers Arsenal, qui se trouvait toujours sur la scène.

« Arsenal, Arsenal… Oui, c’est toi le petit compagnon de Green Arrow. Mais dis-moi, tu es bien loin de Star City et de ton mentor, non ? Qu’est-ce que tu fais ici, tout seul, tu veux jouer dans la cour des grands ? »

Oui, c’était un peu gratuit, surtout qu’il était venu l’aider, mais elle ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance. Après tout, ils n’étaient pas dans le même camp, qu’est ce qui lui prouvait qu’il n’était pas là pour la ramener directement à Arkham ? Dans tous les cas, s’il s’en prenait à elle, elle était prête à se défendre.

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Est-ce que… Est-ce qu’il était en train d’essayer de la séduire ? Si c’était le cas, ce n’était même pas la peine de continuer. Elle avait juste envie de lui rire au nez, pour qui se prenait-il ? En tout cas, il avait du cran, d’oser lui parler comme ça, surtout qu’elle n’avait pas essayé de le séduire, cela venait de lui. Les hommes pouvaient vraiment se montrer bêtes quand ils le voulaient. Bêtes et imbus d’eux même. Elle aurait très bien pu se débrouiller sans lui, elle n’avait pas besoin d’un preux chevalier en armure rouge pour venir la secourir de trois pauvres imbéciles.

Mais malgré cela… Malgré cela, elle devait reconnaître qu’Arsenal se montrait quand même courtois et respectueux. Il avait vraiment l’air sincère, il n’avait pas l’air de lui vouloir de mal. Il avait même rangé son arc pour lui parler. Clairement, s’il voulait tenter quelque chose contre elle, il n’aurait pas le temps de dire ouf qu’elle aurait déjà riposté. Car, ce n’était pas parce qu’il avait l’air sincère qu’il l’était forcément. Ivy avait déjà donné sa confiance à un homme qui l’avait salement trahie, c’était pour ça qu’elle était ce qu’elle était. Et on ne l’y reprendrait pas à deux fois, non, elle ne serait pas le dindon de la farce une nouvelle fois.

Elle haussa un sourcil en l’entendant se proposer pour lui tenir compagnie. Il voulait visiter le parc ? Qu’est-ce que c’était encore, comme plan ? Elle ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’était qu’un piège, un traquenard. Un mauvais plan. Cela commençait à faire un bon moment qu’elle s’était enfuie de l’asile d’Arkham, et plus le temps passait, plus elle appréciait sa liberté nouvellement retrouvée. Hors de question qu’elle se laisse attraper à nouveau. Elle fronça les sourcils et serra le poing. Elle était venue pour se détendre à la base, pas pour avoir un bébé justicier et des fous furieux dans les pattes.

« Dis-moi, qu’est-ce que tu veux, exactement ? Ce n’est pas en faisant le beau parleur avec moi que tu arriveras à tes fins. Bien que j’apprécie l’aide que tu m’as apportée, même si je n’en avais pas besoin, tu ne restes qu’un petit justicier, et je n’ai aucune, aucune raison de te faire confiance. Qui me dit que tu ne vas pas en profiter pour m’arrêter ? C’est ce que tu fais, non ? »

Une idée traversa soudainement la tête d’Ivy. Quelque chose qui lui permettrait de se débarrasser d’Arsenal assez vite, et de lui en donner pour son argent. Il avait essayé d’user de son charme contre elle ? Elle userait de son charme contre lui. Enfin, de son charme… Disons qu’elle avait ses propres armes. Quand elle avait été changée en Poison Ivy, elle avait gagné des habilités, qu’elle pouvait utiliser sans faire preuve d’autant de violence que lorsqu’elle avait tué l’un des pyromanes.

Elle s’approcha donc lentement d’Arsenal, puis passa sa main sur le visage du jeune homme, qui devait sûrement être troublé par le changement soudain d’attitude de la criminelle. C’était tellement facile de troubler les hommes... Il n’y avait que Batman qui ne réagissait pas comme ça, mais lui, c’était une autre histoire.

« Tu veux vraiment savoir ce qu’une si jolie jeune femme fait ici, comme tu dis ? »

Sans le laisser répondre, elle posa ses lèvres sur les siennes, pour un baiser aussi délicat que mortel.

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