Braquage à la Harvester's Bank (avec le Joker, Batman & Red Robin)

La Harvester’s Bank de Gotham City, implantée de Midtown. Caché à l’arrière d’une voiture, Double-Face observait sa prochaine cible. Devait-il y aller maintenant ? Faire marche arrière serait difficile. Ses hommes étaient déjà en position. Certains étaient entrés à l’intérieur, déguisés en peintres et techniciens d’entretient. D’autres se tenaient dans une ruelle proche de la porte de derrière, attendant que leurs alliés leur ouvrent. Tout avait été minutieusement préparé. Il ne pouvait pas reculer. Un lancer rapide de sa pièce le lui certifia.

– Bonne chance à vous, patron.

– Toujours, Mike.

La voiture repartit aussitôt, emmenant son chauffeur. Il ne participerait pas au braquage. Mike et son équipe avaient une autre mission aujourd’hui, dans un autre quartier. Hors de question qu’il se laisse repérer aux alentours.

Double-Face monta les marches jusqu’à l’entrée d’un pas rapide. Une caméra pouvait le repérer. Avant qu’ils agissent, ce serait idiot. Un délai était encore nécessaire pour une exécution parfaite. Marvin se tenait à côté de la porte. Il avait demandé son ouverture dès qu’il l’avait vu sortir de son véhicule. Il laissa trainer la jambe pour l’empêcher de se refermer. Son chef put passer sans souci ni verrouillage.

La sécurité réagit dès qu’elle le reconnut. C’était déjà trop tard. Marvin sautait vers le premier garde tandis qu’un peintre attrapait un second dans le dos. Le portique de sécurité sonna, attirant l’attention de la foule. Pour les plus sourds, quelques tirs fusèrent en direction du plafond. Double-Face brandissait déjà un revolver dans chacune de ses mains.

– Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Nous ne nous présentons pas, nous espérons que vous nous avez déjà reconnu. Ce matin, nous nous sommes levés avec une envie soudaine. Et notre pièce nous a dit de l’assouvir. Alors, aujourd’hui… Nous dévalisons des banques.

Une déclaration plutôt théâtrale. Mais le théâtre était souvent nécessaire, que ce soit pour plaider une affaire ou pour jouer sur le même terrain que les chauves-souris. Cela permettait de donner une image forte. Et faire oublier quelques questions élémentaires, comme pourquoi cette banque en particulier ?

Les coups bien placés de deux autres peintres neutralisèrent deux autres gardes avant qu’ils aient eu le temps de décider comment intervenir. La sécurité ici était out. A un guichet, l’employée responsable de l’alarme voulut appuyer sur le bouton déclenchant… Mais le pistolet d’une femme de ménage vint se placer contre sa tempe.

– Vas-y, fais-moi plaisir.

Marvin et Simon à l’entrée. Luther et Bruce neutralisaient les gardes. Spice tenait en respect la caissière. Aussi déguisé en agent d’entretient, Tommy s’occupait de menacer les autres guichetiers. Dans les couloirs, Steven cherchait la porte de derrière. Celle qui permettrait de faire entrer Klaus et Roman, équipés de fusils et de gilets pare-balles bien plus efficaces en cas de combat.

– Vous devez avoir l’habitude de ce genre de choses. Au moins, vous devez en avoir vus dans des films. Si vous pensez jouer aux héros, oubliez de suite. C’est la meilleure façon de se faire tuer. Certains d’entre nous ont la gâchette facile. Mais nous n’avons pas intérêts à tous vous exécuter. Nous aurons besoin d’otages quand le GCPD et les chauves-souris interviendront. Vous comprenez ? Bien. Il est donc dans votre intérêt de coopérer. Pour commencer, rassemblez-vous tous du même côté. Allez. Plus vite ! Vous ne voulez pas nous énervez. Alors obéissez ! Les gars, secouez-les un peu pour leur montrer…

Les gardes désarmés furent jetés au sol pour indiquer la zone où se rassembler. Les hommes de mains agitèrent leurs armes pour signifier de se déplacer plus vite. Spice tira la caissière par les cheveux pour lui faire faire le tour. Steven, Klaus et Roman ramenèrent tout le personnel caché dans les couloirs. Puis ils commencèrent une distribution de l’équipement dissimulés dans leurs sacs. Simon acheva de verrouiller l’entrée pour qu’aucun importun ne puisse plus rentrer.

Le personnel et les clients de la banque affichaient un air sonné, presque passif. Gotham City était une ville où la criminalité restait très active malgré les années de patrouilles du Batman. Certains criminels continuaient de sévir régulièrement. Ceux-là, il valait mieux ne pas trop les provoquer. Et peut-être un justicier ou deux débarqueraient soudain pour sauver la situation. Ils devaient se raccrocher à cette idée et ne pas trop s’agiter. Pas pendant que toutes les armes étaient braquées dans leur direction.

– Bien. Et si nous descendions aux coffres maintenant ?

De la pointe de son fusil, Klaus fit signe au directeur de montrer le chemin. Dans son autre main, il montrait qu’il avait déjà prélevé les clés nécessaires au pillage. Tirant toujours les cheveux de la caissière, Spice leur emboita le pas. Marvin se choisit aussi un otage : une jeune cliente blonde vêtue d’un tailleur crème. Tommy garda les mains sur sa nouvelle arme, et se plaça aux côtés de leur chef comme un garde du corps. Luther restait pour diriger ceux qui allaient surveiller les otages. Et accessoirement leur vider les poches.

Les coffres se trouvaient au sous-sol, occupant plusieurs salles. Quelques tous de clés ouvrirent les portes et les grilles les plus proches. La principale contenait la réserve de billets. Pendant un instant, Tommy s’oublia devant l’un d’entre eux.

– Benjamin Franklin, mon vieil ami ! Gagne-moi le blé ! Gagne-moi le blé ! Vive la cupidité !

Le regard furieux de Marvin le rappela à l’ordre, et il se détourna du tas des billets de 100 $. Heureusement, leur chef ne semblait pas faire grand cas de cet écart. Il visita une des salles annexes, dédiés aux coffres privés.

– Vous savez à qui vous voulez vous attaquer ? Chacun des clients stockés ici est une personne puissante. Ils pourraient facilement vous faire payer cette intrusion et ce vol. Ils en ont les moyens !

Le directeur choisissait ce moment pour se rebeller. Il devait songer aux reproches que lui feraient les membres de son Conseil d’administration. Certaines personnes avaient de ces priorités… Double-Face ne lui répondit pas tout de suite. Il semblait réfléchir, tout en fixant une plaque particulière devant lui.

– 827, Maria Powers. Par ici, Max Shreck. Et là, la famille Daggett. Simon Stagg. Catherine Hamilton… Devons-nous continuer ? Ou avez-vous compris que nous nous sommes préparés ? Vos clients ne nous font pas peur. Au contraire. S’ils avaient une chance de nous atteindre, ils l’auraient déjà fait. Klaus !

Le directeur perdit encore plus de couleurs, si c’était possible. Etait-ce dû à la préparation évidente du criminel ? Ou au dédain avec lequel il parlait de personnes qui comptaient pour lui parmi les plus importantes de Gotham City. Abandonnant son fusil en bandoulière, l’homme de main sortit d’une poche un marteau et un burin. En quelques coups, il avait ouvert le coffre de Maria Powers. Sans regarder ce qui se trouvait à l’intérieur, il attaqua le suivant. Puis un autre. Et ainsi de suite. Le tout sous le regard toujours plus horrifié des deux responsables de la banque.

– Remontons, nous avons quelques ordres à donner.

Toutefois, Double-Face n’alla pas plus loin que les premières marches de l’escalier. Il se figea sans même se retourner. Il s’arrêtait à cause d’un retardataire. Ou deux, selon comment on comptait.

– Marvin ! Qu’est-ce que tu fais ? Ramène tes fesses tout de suite !

– J’arrive, patron ! J’arrive !

Le retardataire rejoignit le groupe, toujours trainant avec lui son otage. La mine basse, il n’osait rien dire. Rien en tout cas qui puisse couvrir les bruits de Klaus qui continuait à travailler. Son chef reprit son ascension jusqu’au rez-de-chaussée, et les autres le suivirent. Dans le grand hall, tous les otages étaient allongés au sol avec les mains attachées. Les trois qui avaient accompagné la visite des coffres subirent rapidement le même sort.

– Steven, Roman, Klaus va avoir besoin de votre aide. Tommy va vous montrer le chemin. Marvin, Spice, commencez à descendre les sacs. Ils vont en avoir besoin. Les autres, continuez de surveiller tout ce monde. Il ne faudrait pas qu’ils croient qu’ils ne nous intéressent plus.

Les ordres furent exécutés avec diligence, trahissant une préparation particulière. Et pour cause ! Cela faisait environ un mois qu’ils s’entrainaient pour cette occasion. Jusqu’à ce que leur coordination soit jugée satisfaisante. Une discipline exemplaire, nécessaire pour exécuter le plan sans le moindre accroc. Le hasard décidait de tout, mais il était possible de l’influencer avec la préparation nécessaire. Savoir doser le bon équilibre entre Ordre et Chaos, entre la raideur figée d’un plan et l’improvisation totale. Et aujourd’hui, tout se passait parfaitement bien…

Jusqu’à ce que l’entrée explose. Verre, briques et portiques de sécurité volèrent dans les airs. Simon dut se jeter précipitamment sur le côté pour ne pas se faire écraser. Mais des débris le touchèrent quand même. Ainsi que quelques prisonniers qui ne purent pas rouler sur le côté. Un camion scolaire avait défoncé le passage. Un camion scolaire ! Jaune, massif, immanquable sauf pour un aveugle ! Renforcé pour protéger ses passagers, et le plus distinctif possible pour ceux qui l’entouraient. Quel manque de discrétion ! A croire qu’il se moquait d’attirer la police et tous les justiciers que comptait Gotham City ! Qui pouvait se montrer aussi désinvolte ? Qui pouvait être aussi fou ?

Ah. Oui. Forcément. Lui.

Le Joker. L’autoproclamé Clown prince du crime. La personne la plus crainte de tout Gotham City. Batman avait un certain nombre de supporters. Lui, même ses subordonnés le supportaient.

Une bouffée de haine envahit Double-Face. La première fois qu’ils s’étaient rencontrés, le procureur Harvey Dent cherchait à le mettre en prison. Avec des résultats mitigés. Il esquivait toujours Blackgate pour Arkham. Et s’en échappait facilement. Jamais ils n’avaient été capables de mettre un nom sur son dossier. Aujourd’hui encore, le GCPD ne pouvait lui donner d’autre désignation administrative que "John Doe". Un Noël, il l’avait surpris dans sa propre maison et s’était fait passer à tabac. Son intimité exposée, explosée. C’était largement suffisant pour que la partie Harvey Dent veuille se venger. Pour nourrir une haine profonde et éternelle à son égard.

La partie Double-Face entretenait des rapports plus ambigus. Ses talents étaient indéniables, donc utiles. Le pragmatisme pur imposait de collaborer. Au moins un temps. Mais leurs alliances n’avaient que peu de fins possibles. Soit une trahison, peu importe duquel des deux. Soit une intervention des chauves-souris qui les renvoyaient dans leurs cellules respectives. Au fond, comme avec la majorité des freaks de Gotham City, il n’y avait que sur terrain neutre où ils ne finissaient pas par essayer de s’entretuer. Des ambitions divergentes pour des rivaux. Le hasard ne l’avait jamais abandonné dans une situation où la pièce le condamnait à mort.

Le Joker arrivait lentement, en dansant et en se donnant en spectacle. Il était content de lui. Double-Face l’observait en silence. En serrant les dents. Les seuls mouvements de sa part venaient de sa main, envoyant sa pièce en argent dans les airs et la rattrapant. Il ne regardait pas le résultat de ces lancers. Ce n’était pas encore le moment de juger. Il s’agissait surtout de canaliser sa frustration et d’envoyer un message de menace à ceux qui l’entouraient. Mais pas le clown. Lui était au-dessus de tout cela. Il aimait même provoquer ce genre de réactions. Alors l’ancien procureur Harvey Dent évaluait à toute vitesse les conséquences d’une telle irruption. Toutes néfastes.

La première d’entre-elles était un possible conflit avec les nouveaux arrivants. Pour une raison ou pour une autre. La pièce jugerait. Ou le Joker tirerait le premier. Il n’avait rien de plus à dire ou faire à ce sujet. Double-Face ne s’inquiétait plus de ce genre de problèmes depuis longtemps.

Il y avait ensuite la police. Le quartier surnommé Midtown occupait la moitié est de l’île du même nom. Elle en couvrait environ les deux tiers. Downtown, la grande île plus au sud, représentait le cœur historique de Gotham City, là où s’étaient construits ses bâtiments les plus anciens. On y trouvait encore des institutions hautement symboliques, comme la Maire ou la Grande Cathédrale. Avec l’extension vers le nord, de nouveaux ajouts s’étaient construits en fonction des besoins. Pour ce quartier, le point important était le bâtiment de la Bourse. Plusieurs banques avaient élu domicile alentours, dont la Harvester’s Bank où ils se trouvaient actuellement. Mais aussi un peu plus loin le commissariat central du GCPD. Le quartier-général de la police, où stationnaient plusieurs unités d’élites. Certaines restaient corrompues, d’autres se rueraient à l’assaut dès l’annonce du braquage. Elles étaient trop proches pour ne pas arriver sous peu. Voilà pourquoi il avait soigneusement établi un plan minutieux, qui ne devait pas attirer l’attention.

Bien évidemment, qui dit alerte du GCPD dit aussi présence de chauves-souris. Ses troupes n’étaient toujours pas suffisamment entrainés pour faire face aux plus dangereux d’entre-eux. Sûrement, ils le ne deviendraient même jamais. Le standard établi par Batman était hautement élitiste, et accessible uniquement à une poignée d’élus naturellement doués. Le commissariat central était le fief de James Gordon, il ne manquerait pas de les appeler en renforts.

– Ah, le clown… Pourquoi viens-tu tout gâcher ?

Le plan A consistait en une récupération discrète du contenu de la banque et une fuite rapide. Il fallait être le plus loin possible avant que l’alerte soit donnée. De préférence de retour à la planque, où ils ne pourraient plus être délogés. Et ainsi éviter tout combat pouvant les mettre en danger. Si cela échouait, le plan B prévoyait de se barricader avec les otages et de résister jusqu’à ce qu’une occasion se présente. Limiter les risques. Ensuite, les plans C et D…

La pièce retomba dans sa main. Cette fois-ci, Double-Face regarda le résultat. Son énervement était toujours visible, car il ne la plaqua pas sur son avant-bras gauche. Il se contenta d’ouvrir la main. Toutefois, la question posée ne concernait pas encore le Joker.

– Luther, fais descendre les otages. Enferme-les dans une salle vide. Tu sais quoi faire.

– A vos ordres, patron.

Les premiers otages furent redressés sans ménagement et poussés vers l’escalier. Le Joker observa ce déplacement en haussant le sourcil. Il était ignoré, et il n’y avait rien qu’il détestait plus. Cela pouvait fortement l’énerver. Et personne ne souhaitait le mettre dans un tel état. Quand ça arrivait, cela finissait toujours par des morts. Il fallait donc lui accorder ce qu’il demandait : être mis au centre de l’attention. Laissant son lieutenant régler la question des prisonniers, il s’avança enfin directement vers leur invité inattendu.

– Félicitations le clown ! Tu as réussi une grande entrée ! Ils doivent l’avoir remarqué jusqu’au GCPD ! Pas la peine d’expliquer ce que tu fais là. Tu t’ennuyais. Alors tu as décidé de sortir de ton territoire et de t’amuser chez les autres. Attirer sur eux quelques collants. Peut-être même Batman en personne… Ah ça, tu aimerais ! Comme ça tu aurais une nouvelle occasion de l’affronter. Comment dis-tu ? Jouer avec lui ? Oh oui, que tu aimerais ça. Et donc aujourd’hui, le hasard a voulu que ça tombe sur notre dos. Très bien ! Ainsi soit-il. Prépare ton piège, Joker. Mais ne compte pas sur nous pour tomber dedans avec joie.

Sur ce, il lui tourna le dos. Ce qui était un très gros risque. Il avait plusieurs cicatrices pour en témoigner. Ses deux moitiés détestaient chacune d’entre elles. Mais ce n’était pas sa priorité pour le moment. Il lui fallait réorganiser ses hommes pour se préparer à la tempête qui ne manquerait pas de suivre. Une tempête que le Joker avait déclenchée. Et malheureusement, ses hommes et lui auraient plus de chances de survivre s’il se battait à leurs côtés.

Déjà, les sirènes des voitures de police se faisaient entendre.

Trois boites. Qu’est-ce que le Joker voulait faire avec trois boites ? Et où se trouvaient ces bombes ? Fou comme il était, il pouvait en avoir laissé une chez lui. En envoyer une autre au commissariat central. Et s’il savait où elle se trouvait, la planque de Double-Face pourrait être menacée. En fait, les seules zones à l’abri de cette menace devraient être les repaires de Batman. Il pouvait confier à quelqu’un la responsabilité de dégâts sur une secondaire. Mais la principale, il se la réservait et se montrait très jaloux sur tout ce qui concernait le sujet.

Donc ces bombes pouvaient se trouver partout. Y compris dans le camion qui bloquait l’entrée de la banque. Dans des bâtiments très utiles voire nécessaire pour la suite. Potentiellement tout détruire pour un pari qui amuserait un clown. C’était ridicule. Pourquoi ferait-il ça ? Il n’y avait aucune raison. Il faudrait être fou pour se risque… Il devait demander à sa pièce. Elle s’éleva face au sourire moqueur du Joker et donna sa réponse.

Et bien… personne n’est parfait ! Par quel côté devait-il commencer ? Droite ou gauche ? Le sourire de l’insupportable clown devenait de plus en plus large à chaque lancer. Harvey Dent avait envie de lui envoyer son poing dans les dents. Mais un lancer avait déjà été effectué à ce sujet. C’était non. Pas aujourd’hui.

– Patron, les flics installent leurs barrages autour de la banque.

– Nous nous en doutons, Marvin. Continue de les surveiller. Luther !

– Oui patron ?

– Maintenant que les otages sont tous bien enfermés, envoie des patrouilles vérifier tous les points d’accès. Au sous-sol et aux étages. Nous sommes certains que le Joker ne verra aucun inconvénient à ce que ses hommes prêtent un coup de main.

Gauche donc. Où pouvaient bien se trouver ces bombes ? Le clown était fou. C’était un fait acquis. Il ne tenait à rien. Ses Harley Quinn pouvaient se faire se grands rêves. Peut-être plaçait-il au dessus de tout sa longue lutte contre Batman. Mais il n’était pas sans logique. Il prenait simplement un chemin différent des autres pour aller d’un point A à un point B. Alors, où avait-il pu cacher ces bombes ? C’était important pour déterminer leur importance et…

La pièce retomba, ordonnant d’abandonner la première boite. Les pensées de Double-Face continuaient de courir pendant qu’il se rapprochait de la seconde. Vouloir s’en remettre au hasard n’empêchait pas d’aimer estimer ce que couvriraient les choix possibles. Mais le Joker masquait les conséquences. Il voulait un choix à l’aveugle. Le hasard dans sa plus pure acceptation. Double-Face pouvait l’accepter. Mais pas pour son vulgaire amusement !

La pièce retomba. Et Double-Face se dirigea vers la troisième boite. Avec une pensée soudaine en tête. Une idée terrible. Et si tout ceci n’était qu’une farce ? Si le clown se moquait de lui avec des emballages vides ? Si c’était le cas sa vengeance serait…

– Patron !

Luther était de retour. Il tenait son talkie-walkie en main. Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Le code avait été convenu longtemps auparavant. La pièce s’éleva une troisième et dernière fois. Puis Double-Face dégaina un de ses revolvers.

– Pas d’explosion pour aujourd’hui, le clown. Nous ignorons quel coup tordu tu avais prévu avec ton petit jeu, mais il s’achève ici. Nous n’irons pas plus loin. Le temps ne s’y prête plus. En ce moment-même, les hommes que nous avons envoyés surveiller les accès ne répondent plus. Ni en haut, ni en bas. Et ce, sans le moindre bruit pour nous avertir. C’est bien trop efficace pour le GCPD. Tu sais tout autant que nous ce que cela signifie. Tu dois même jubiler à cette pensée. Les chauves-souris sont arrivées. Il faut que nous allions nous en occuper. Tu viens ?

Double-Face était partagé entre la fureur et l’incompréhension. Il proposait au Joker de s’allier contre les chauves-souris entrées dans la banque. Et l’autre lui répondait en le menaçant de ne pas le laisser s’enfuir. Il n’en faisait toujours qu’à sa tête, et pas au même rythme que les autres êtres vivants. Cela rendait les discussions avec lui difficiles. Et souvent insupportables.

L’ancien procureur s’avança jusqu’à ce que le canon du pistolet du clown touche son front. Il ne se souciait pas du danger ou de la menace. Si ça devait être son dernier jour, et bien le hasard l’aurait décidé. La colère était trop forte pour s’en soucier.

– Quand on parle pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute. Sauf toi. Toi tu te demandes comment faire tout cramer. Qu’est-ce que tu m’as dit une fois ? Ah oui. "J’aime l’odeur du napalm au petit matin". Quand il n’y a pas assez de combustible, on peut compter sur toi pour en rajouter. Même si ce n’est pas nécessaire. Surtout si ce n’est pas nécessaire ! La vie est un banquet, et la plupart des pauvres minables meurent de faim ! Sauf toi ! Toi tu es content de crever de faim si cela signifie que tu as poussé les autres à se battre pour ton plaisir !

La pièce s’envola une nouvelle fois dans les airs. Une nouvelle question à trancher. Et la réponse… Double-Face leva le bras et tira dans un couloir voisin. Un tir aveugle. Ça ne servait pas à grand-chose, mais ça défoulait. Le bruit en réaction par contre n’était pas prévu. C’était censé être vide.

– Luther ?

– Négatif patron. Il ne devrait y avoir personne. Ce n’est pas un des nôtres.

Si ce n’étaient pas des alliés, c’étaient donc des ennemis. Des intrus. Il n’était pas difficile de deviner de quelle sorte.

– Je te le redemande une dernière fois, Joker. Est-ce que nous allons affronter les chauves-souris comme des alliés ? Ou comme des ennemis ?