Thérapie de choc [ft. Neo Joker]

Rêve ou réalité ? A partir de quel moment on sait qu'on a franchi la frontière de l'un ou de l'autre ? Quand on s'endort et qu'on ne se réveille pas, alors on peut croire qu'on dort toujours ? Mais si ce n'était pas le cas...

Les cauchemars de la belle se faisaient de plus en plus fréquents ces derniers jours. Souvent, elle se réveillait couverte de sueur, à gueuler son propre prénom, Angela, puis des rires cauchemardesques et, au dernier moment, ce visage de démon qui la fixait. Un visage horrible qu'elle ne retrouvait que dans ces cauchemars les plus fous, comme dans celui où elle poignardait sa sœur d'une paire de ciseau, encore et encore jusqu'à ce que mort s'en suive. Sauf que ce n'était pas un mauvais rêve... mais un fragment de sa vie.

Il y avait également ces autres cauchemars qui prenaient place dans son esprit. Affublée d'une tenue de "justicière", elle se mettait à traquer les tarés de ces rues en appliquant sa propre vision de la justice en mutilant profondément ces victimes. Ça ne lui ressemblait pas, alors elle n'en tint pas compte, mais ça restait perturbant pour elle.
Ces rêves-là, c'étaient ceux qui l'inquiétait le plus car Angie commençait presque à accepter cette vision, elle commençait à se dire que cette méthode était la bonne.

Foutu manque de sommeil, elle en délirait, oui. Elle préférait mettre ça sur le dos de la fatigue car elle n'osait pas approuver ce qu'elle voyait, ni même se dire que ce n'était pas des cauchemars. Il y a 2 jours, un vendeur de drogue avait été retrouvé mort dans une allée de Gotham. Égorgé se rappelait-elle. Ça coïncidait avec le jour où elle s'était décidé à sortir tard le soir et où elle avait rencontré la gamine-chat. Mais en y réfléchissant, ce n'était qu'une crainte non fondée. Ce jour-là, elle s'était contentée de ligoter le dealeur avec de la toile et elle était partie en chialant sans rien lui faire. C'est ce qui s'était passé. Gotham restait un endroit dangereux et la mort a très bien pu rencontré ce type, après le passage d'Angela, et lui trancher la gorge avec une lame pour refus obtempérer. Les clients en manque de dose ont parfois ce comportement. Plus tard, elle se souvenait même être rentré à la maison, d'avoir marché jusqu'à sa chambre et d'être tombée comme une masse sur le lit sans même se déshabiller, et sans même trancher une gorge. Ça elle était prête à le parier.

Actuellement, son corps était au bord de la rupture comme le confirmait les cernes qui ornaient ses yeux. La belle, si on pouvait toujours l'appeler ainsi, savait qu'elle adoptait le mauvais rythme en empruntant cette voie de la destruction. Peut-être que son corps pourrait encore encaisser un petit peu, mais pas beaucoup plus. Tôt ou tard, elle devra songer à cette alternative...

Tu as des médicaments, utilise-les. Chope ces putains de comprimés !! lui rappelait sa tête.

Oh oui, elle aurait tellement aimé chopper cette boite et tout avaler, quitte à s'étouffer, pour que ses cauchemars ne soient plus, pour qu'elle puisse fermer les yeux toute une nuit et avoir la tête légère, sans aucune angoisse.
Cette délivrance avait malgré cela un prix. Aucun des médicaments prescrits par le médecin n'était disponible en pharmacie sans une ordonnance. Aucun. Et pourquoi ça ? Simplement car il s'agissait de drogues. La thérapie par les plantes, qu'ils disaient. Aucune de ces "plantes" n'iraient dans le corps d'Angela, elle tenait à garder la tête sur les épaules, cette fois. Pas comme lors de sa thérapie où elle se forçait à avaler tous les cachets qu'on lui tendait, afin de sortir le plus rapidement de ce centre hospitalier, de cet asile si on ne jouait pas sur les mots.

Il fallait qu'elle gère ça, il fallait qu'elle reste maitre d'elle-même et il lui fallait quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui la comprendrait et ne la jugerait pas. Un ou une amie qui soit là pour elle, pour lui rappeler que la vie est un cadeau et non un fardeau.
Ces derniers jours, elle ne supportait plus rien. Tout lui était devenu désagréable. La sensation du vent dans ses cheveux, le goût de la nourriture dans sa bouche, l'eau qui ruissèle sur sa peau...  Alors pour remédier à ça, elle multipliait les sorties nocturnes dans le but de... dans quel but déjà ?
Bien qu'aider les gens fut sa première pensée, elle ne tarda pas à se dire que le véritable but était de se défouler, de déverser cette haine et, pourquoi pas, de trépasser en tombant sur quelqu'un de plus fort. C'était dur à se dire mais ses pensées négatives étaient probablement ce qui la maintenait encore debout.

Déjà en tenue, qu'elle n'avait pas quitté depuis hier soir, Angela se regarda dans le miroir, son masque à demi relevé au-dessus de ses yeux, ses cheveux longs et blonds qui descendaient jusqu'à sa poitrine. Elle se passa de l'eau sur le visage, une fois, deux fois et s'essuya d'une serviette propre en tentant de comprendre ce qui se passait dans sa tête. La jeune femme cligna des yeux, immédiatement imitée par son reflet.  

Tiens le coup, ma belle, tu vas trouver une solution. se rassura-t'elle en descendant le masque noir pour camoufler son visage.

A présent, elle adopta le look de l'araignée, et disparut ainsi la jeune femme au look fatigué, et aux magnifiques cheveux blonds qu'elle enfouie dans son masque. La créature caressa son reflet du bout des gants comme pour vérifier que le miroir lui rendrait cette image, l'image d'elle-même, l'image d'une sœur jumelle qu'elle avait eu, autrefois. Puis elle quitta la salle de bain et l'appartement par la même occasion. Elle descendit par l'échelle de sécurité, comme elle le faisait maintenant chaque soir, et disparut dans l'obscurité.


Code by Swarley & Kate

Dans son esprit régnait un silence sinistre, avec la désagréable impression de suffoquer . Le seul son encore plus ou moins distinct était les voix et éclats de rires des personnes présentent dans le bar. Marian se frotta les yeux, sa perception des objets et des personnes était floue et son rythme cardiaque sembla augmenter. Elle descendit du tabouret, manquant de se vautrer au sol. Elle marcha jusqu'aux toilettes rentrant au passage dans plusieurs personnes qui se plaignirent de la jeune femme. La main posait sur sa cage thoracique, elle respira difficilement. Après cette journée forte en émotion, Marian ne pouvait gérer cette soudaine crise d'angoisse au milieu d'une foule. Elle se réfugia alors dans les toilettes du bar.

Arrivée à l'intérieur elle se précipita jusqu'au lavabo le plus proche, ouvrant le robinet, se passant de l'eau sur le visage. C'était devenue une mauvaise habitude pour Marian de soigner sa peine et sa colère au fond d'une bouteille. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle aurait voulu avoir une épaule réconfortante sur laquelle se reposer ou encore un ami pour lequel elle aurait eu de l'importance. Hélas, le seul ami qu'elle pouvait encore avoir, se trouvait ne pas être un modèle de bienveillance. Donc cela n'était pas dans l'intérêt de Marian de le contacter.
La jeune blonde colla son dos au mur de marbre. La sensation de la matière froide contre son dos  l'apaisa peu à peu. Cela devait faire depuis sa dernière nuit à Arkham qu'elle n'avait pas fait une crise d'angoisse. Autrefois, l'idée de sortir d'Arkham n'avait pas semblait envisageable car là bas elle n'avait pas à affronter les aléas du monde extérieur, qui l'affecter tout particulièrement.

Mais le drame de ce jour qui l'affectait plus particulièrement, était la mort de sa mère. Tôt dans la matinée, elle avait reçu un message d'un numéro qu'elle ne pensait revoir un jour dans sa boîte de réception. Il s'agissait de son père. Son message parlait de l'état de santé de sa mère qui s'était dégradée depuis plus de trois semaines, et qu'elle était sous respirateur artificiel depuis trois jours. Son père voulait la débrancher aujourd'hui et il souhaitait prévenir Marian pour qu'elle vienne dire au revoir à sa mère. Ses parents étaient à Gotham ? Aux dernières nouvelles ils étaient au Brésil. En effet, malgré le fait qu'ils n'avaient plus donné de nouvelles à Marian depuis plus de deux ans la jeune femme, avait continuer de son côté à les surveiller de loin. Une fois le message terminé, Marian ne se fit pas prier. Elle attrapa la première veste qu'elle vit ainsi que son sac à main et sortit de son appartement.
Dés son arrivée à l'hôpital la jeune femme annonça son arrivée à l'hôtesse d'accueil à qui elle donna son nom et qui lui indiqua ensuite le service et la chambre dans laquelle se trouvait sa mère. Marian fonça au quatrième étage. Une fois arrivée dans la chambre elle croisa le regard terne de son père qui prit la parole en premier :

«Bonjour Marian. Tu as bien changé depuis la dernière fois. »

La jeune femme ignora la réplique de son père. Après tout ce n'était pas lui qu'elle était venue voir et elle n'avait aucune envie de lui adresser la parole. D'un pas précipité elle s'assit sur une chaise aux côtés de sa mère étendue sur un lit. Elle lui prit la main et prit le temps de détailler le corps bientôt sans vie de sa mère et un détail la frappa. Même sur son lit de mort sa mère affichait toujours ce sourire glacial qu'elle avait porté tout au long de sa vie. Marian éprouvait de la pitié pour sa mère, qui avait sacrifié sa vie entière jusqu'à l'éducation de sa fille pour le père de Marian. Ce dernier répliqua à nouveau :

«Tu peux lui parler si tu veux, peut être qu'elle peut t'entendre »
« Trois semaines.. » Prononça Marian.
« Pardon? »
« Il t'a fallu trois semaines avant de me dire que ma mère était sur le point de mourir..Tu m'as privé d'elle toute ma vie et tu me prives encore de ses derniers instants que j'aurais pu avoir avec elle.. Quel genre de père fait ça.. » Prononça t-elle d'une voix blanche.
« Je ne... »
« FERME LA ! N'essaie pas de justifier ton égoïsme » S'écria la jeune femme.

Son père ne broncha plus. Il observa sa fille qui tenait toujours la main de sa mère. Bientôt les infirmiers arrivèrent. Au bord les larmes, Marian tourna les yeux vers eux. L'un des infirmiers leur précisa qu'ils pouvaient sortir si c'était trop difficile pour eux. Le père de Marian sortit mais Marian resta jusqu'au dernier moment. Ils l'avaient débranché. La jeune femme resta quelques minutes auprès de sa mère désormais sans vie. Elle se leva ensuite, en lâchant difficilement la main de sa mère. Les liens du sang étaient comme une maladie pour Marian. Pleurer la mort de cette mère qu'elle n'a pas réellement connu semblait une absurdité à ses yeux. Cette mère qui dés ses cinq s'est envolée avec le père de Marian pour un tour du monde. Mais pourquoi  avoir laissé Marian derrière eux ? Sa défunte grand mère avait prit cela sur le compte d'une jeunesse peu achevée. Jeunesse ou pas, Marian en était arrivée à un point de sa vie où elle ne pouvait plus pardonner.

En sortant de la chambre elle croisa son père qui l'a suivi alors qu'elle se dirigeait en direction de l'ascenseur. Il l'attrapa par le poignet dont elle se dégagea aussitôt, lui faisant volte face.

« Je suis ton père, tu ne peux pas me fuir comme ça »
« Écoute moi bien, parce que c'est la première fois et la dernière fois que tu l'entendras. A compter de ce jour je suis orpheline. Alors regarde moi bien, parce que c'est la dernière fois que tu me verras. »

La jeune blonde savait bien que ses mots étaient durs et elle ressentit même un laps de temps de la culpabilité pour son père. Mais ce fut un soulagement pour elle de lui tenir tête et d'en avoir fini avec cette relation père/fille à sens unique.

Toujours collée contre le mur, la main sur sa cage thoracique, la jeune femme pouvait sentir peu à peu sa respiration redevenir régulière. Elle se décida à se relever et se dirigea en direction de la sortie. A nouveau dans la pièce principale, elle se rendit au bar, plongeant la main dans son sac pour y sortir un billet de 50 dollars.

«Garde la monnaie.»
«Merci Marian ! Mes amitiés à monsieur Sionis.»

A cette dernière réplique Marian émit un petit rire ironique en enfilant sa veste en cuir. Ne  pouvait-elle pas  passer ne serait-ce qu'une journée ordinaire sans qu'on la ramène à son travail ? Quoique à ce jour la mission qu'on lui avait confié depuis plusieurs jours semblait plus facile à réaliser, et si ça n'avait tenu qu'à elle, elle se serait précipitée sur le champ jusqu'à Arkham pour tirer une balle entre les deux yeux du Joker. Cela aurait fait deux parasites en moins dans sa vie, en l'espace d'une journée.

Une fois à l'extérieur, Marian se dirigea vers une petite ruelle qui menait à son appartement. Elle sortit une cigarette  et s'apprêta à l'allumer lorsqu'une personne lui rentra dedans faisant tomber sa cigarette au passage. Marian ne répondit plus d'elle et envoya son poing tout droit dans le visage masqué de la personne en question. Au vu de sa silhouette, il s'agissait d'une femme. Marian détailla sa tenue peu commune. Cette tenue ne lui disait rien, probablement une nouvelle justicière de Gotham. La jeune femme se releva et ne sembla pas décidée à se laisser faire par Marian. C'était parfait pour cette dernière, elle avait besoin de se défouler un peu. Cependant elle aurait été plus à l'aise dans sa tenue habituelle.