« Poison Mortel » ft. Pamela Isley / Poison Ivy

Les jardins botaniques. Un des rares endroits à Gotham où Ivy se sentait vraiment et pleinement bien. C’était un havre de paix pour elle, un peu comme le Robinson Park. Un endroit où la nature règne en maître, et où elle se sent totalement à sa place. Cet écrin de verdure perdu dans la jungle urbaine de Gotham renfermait des plantes exotiques rares, gardées ici dans le but d’être protégée de la folie humaine qui menait à leur perte. Si le geste était louable, Ivy savait pertinemment que la vraie place de ces plantes n’était pas dans cette jolie cage dorée, mais dans leur milieu d’origine. Mais c’était pour leur protection. Il valait mieux les garder ici que de les perdre à jamais.

Ivy venait aux jardins botaniques pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, pour se ressourcer. Être au milieu de toutes ses plantes, c’était pour elle une façon de recharger ses batteries, surtout quand elle les avait épuisées en ayant trop de contact avec les humains. Dans un second temps, elle venait pour étudier les plantes. Des plantes exotiques et rares à Gotham, c’était une aubaine pour elle, et son esprit scientifique était en ébullition quand elle se penchait sur ces plantes. Et cela lui permettait de créer de nouveaux poisons, ce qui lui était toujours utile.

En parlant de poison, elle repensa au dernier qu’elle avait utilisé. De la ricine en poudre. C’était ici, aux jardins botaniques, qu’elle avait pu se procurer une pousse de ricin, arbre originaire d’Afrique Tropicale, qui, s’il arrivait à pousser dans d’autres pays chauds, était totalement étranger à la flore de Gotham. De là, elle avait extrait la ricine de l’arbre, afin d’en faire un poison en poudre, un poison bien plus toxique que du cyanure. Mais le plus intéressant avec la ricine, c’était son mode d’action. C’était un poison qui prenait son temps pour agir. Au bout de quelques heures, les premières gênes apparaissent : irritations au niveau des yeux, des voies respiratoires, et lorsque l’on est exposé à une certaine dose, les effets du poison sont irréversibles. C’était parfait, beaucoup plus discret qu’un poison qui agissait sur le moment. Elle savait qu’à force d’empoisonner les riches et les puissants de la ville, la police allait être sur son dos, il fallait désormais qu’elle la joue plus fine. Elle n’avait pas vraiment envie de se faire arrêter et renvoyer à Arkham.

Avec la ricine en poudre, elle avait empoisonné un riche homme d’affaire, un homme puissant qui se permettait de prendre des décisions aux répercussions catastrophiques. C’était pour ça que la ricine était un poison tout à fait adéquat pour lui : ses actions avaient causé une mort lente et douloureuse pour la flore locale, alors il aurait une mort lente et douloureuse. C’était ce que certains appelaient le karma. Pour Ivy, ce n’était qu’une question d’arroseur arrosé. Et ce qui était drôle avec la ricine, c’était qu’il n’y avait pas d’antidote… Ou presque. Ivy avait développé son propre antidote naturel, et elle comptait bien le garder pour elle. Même si elle ne risquait rien face à un poison à base de plante, elle préférait toujours avoir de quoi soigner les gens. Certes, elle n’aimait pas les humains, mais tous ne méritaient pas de mourir, certains faisaient des efforts pour essayer d’être tolérable. Il fallait bien leur accorder ça.

Mais si ce soir-là, elle se trouvait aux jardins botaniques, c’était surtout pour se reposer et pour réfléchir. Prendre soin des plantes l’aidait à se concentrer, et les jardins étaient totalement déserts, le soir. Rien qu’elle et les plantes, c’était l’idéal. Et au moins ici, elle ne risquait pas de se faire interrompre par une bande de pyromanes sans cerveau ou par un justicier en herbe cherchant à jouer au chevalier blanc. Enfin ça, c’est ce qu’elle pensait.

Un bruit de verre brisé la sortie de sa réflexion. Quelqu’un venait de s’introduire par effraction dans la serre où elle se trouvait, et son instinct lui hurlait que ce n’était pas bon signe. Beaucoup de plantes savaient quand elles étaient attaquées, et c’était aussi le cas d’Ivy. Elle pouvait attaquer de front, mais elle n’avait aucune idée de qui était là et pourquoi. Et surtout, elle ne savait pas si la personne était armée. Une arme à feu ou une arme blanche pouvait la blesser, même si ce n’était pas le genre d’arme qui lui faisait le plus peur.

Sans un bruit, elle roula sur le côté et se camoufla dans des buissons tropicaux. Elle resta le plus immobile possible, et essaya du mieux qu’elle put de ne plus faire un son. Soudain, elle vit un reflet argenté, celui d’une longue lame. Elle suivit l’objet du regard, jusqu’à remonter à son propriétaire, et il ne lui fallut qu’un coup d’œil au costume pour reconnaître celui qui en avait après elle : Deathstroke. C’était la première fois qu’elle croisait son chemin. Qu’est-ce qu’il pouvait bien lui vouloir ?

De sa lame, l’homme trancha une plante. Ivy du se retenir d’hurler et de se jeter sur lui. La plante qu’il venait d’attaquer était une plante rare, dont c’était l’un des derniers spécimens. La jeune femme serra les dents. Clairement, il voulait qu’elle l’attaque de front, elle allait devoir être plus subtile que ça. Elle posa délicatement sa main sur la terre fraîche, et laissa les racines qui se trouvait en dessous pousser et s’étirer jusqu’à se trouver sous les pieds du mercenaire. D’un mouvement de doigt, elle les fit alors sortir de terre et s’enrouler le long des jambes de l’homme afin de l’immobiliser. Elle pourrait le tuer sur le coup, mais avant cela, elle avait quelques questions à lui poser. Elle sortit donc de sa cachette, une main contrôlant les liens naturels qui entouraient Deathstroke, une autre sommant à une plante vénéneuse de pousser et de se tenir prête à relâcher son poison.

« Puis-je savoir ce que vous faites ici ? Et avez-vous seulement idée de ce que vous venez de faire à cette pauvre plante ? »

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