Les Chroniques de l'Archer, de la Batwoman et du Black damn Canary

Des coups de feu, des hurlements, un démarrage en trombe et quelques secondes plus tard, les sirènes des véhicules du département de police de Gotham retentissaient.

- Mary ? Kate se tenait prostrée, comme à son habitude, sur une gargouille de la Tour de L’horloge, dans le Vieux Gotham. Elle venait tout juste de rendre visite à Barbara avant de commencer sa patrouille de ce soir.
- Juste le temps que je retrouve la fréquence ...

C’était toujours agréable pour elle de passer du temps avec sa petite protégée, sa fille de cœur qu’elle avait vu grandir, années après années à ses côtés. Jeune femme à la fois discrète et pétillante, elle respirait à plein poumons et chantait quotidiennement son ode à la vie. Son intelligence rare et sa franchise l’avaient immédiatement subjuguée dès que Bruce prit la décision de la prendre sous son aile. Mais surtout, elle était parvenue à faire ce que Kate elle-même avait été incapable d’accomplir : tourner la page d’une famille déchirée. Non seulement, la jeune femme avait perdu ses parents très jeune, mais sa meilleure amie fût assassinée il y a peu par le frère adoptif de Barbara : James. Le jeune homme était même allé jusqu’à essayer de l’éliminer elle, mais James Gordon senior s’interposa, et interna son propre fils à Arkham. Les tragédies les plus terribles sont souvent familiales et il appartient à chacun d’essayer de se reconstruire après coup, hanté pas les fantômes du passé. Barbara semblait y être parvenue à tout juste 19 ans lorsqu’à bientôt 32 ans, Kate était toujours rongée de l’intérieur, venant tout juste de perdre sa sœur présumée morte depuis des années : Beth. Celle-ci avait fait son retour à la tête du Culte du Crime sous les traits d’Alice, une dangereuse psychopathe citant Lewis Caroll à la moindre occasion, souhaitant la mort de la Batwoman et la destruction de Gotham. Son identité se révéla au moment de sa mort, et le plus amer fut le fait que son propre père était au courant de tout. Absolument tout.

Batwoman noyait désormais sa peine en combattant le crime aux côtés du Chevalier Noir, mais également en construisant une famille pour la substituer à celle qu’elle avait perdu : La Batfamille comme elle l’appelait affectueusement. Alfred, Barbara, Bruce, Damian, Dick, Jason et Tim… Autant de noms qui faisaient écho aux battements de son cœur. Autant de personnes qu’elle avait appris à aimer de tout son être. Ils formaient désormais une véritable meute vindicative dont elle était la Delta et dont Bruce était l’Alpha.

La voix de Mary dans ses oreilles, la ramena à la réalité, tandis qu’une pluie fine et fraîche commençait à pleurer sur la ville qui ne dort jamais.

- Tu es connectée.
- … Je répète, est-ce que j’ai un équipage disponible à proximité de la Tour de L’Horloge pour un 10-30-C. 10-30-C, Tour de l’Horloge. Coups de feux tirés.
- Braquage d’un commerce… Je suis à proximité. Un crissement de pneus retentit et Katherine aperçut une Ford Escort de 1980, grise remonter la voie de circulation en sens opposé, un véhicule de patrouille du GCPD jalonnait sa progression, toutes sirènes hurlantes, dans une dangereuse course poursuite. Je les vois.

Kate prit une grande inspiration et s’élança dans le vide depuis le sommet de la Tour de l’Horloge qui venait d’indiquer minuit dans un claquement sec : l’heure du crime. Batwoman produisit l’électricité statique nécessaire pour rigidifier sa cape en frottant ses doigts. La chauve-souris déploya ainsi ses énormes ailes avant de piquer le nez à une vitesse vertigineuse. Le véhicule se déplaçait à vive allure, un accident pourrait se produire à tout instant et ôter la vie à un innocent. Il en était hors de question.

Avant de toucher le sol, elle dégaina son grappin, et tira en direction d’une corniche, le mouvement de balancier décupla sa vitesse. Elle activa ensuite l'accélérateur de grappin pour se projeter dans les airs telle un rocher lancé par un trébuchet. Elle s’envola par-dessus les immeubles du quartier, se servant des reflets bleus et rouges des gyrophares pour s’orienter. Elle coupa à travers un bloc de bâtiment, puis se trouva de l’autre côté en un rien de temps. Le véhicule cible continuait sa course effrénée sur l’avenue parallèle. En utilisant à nouveau l’accélérateur de grappin, elle survola le bloc suivant tandis que le véhicule qu'elle chassait opérait un virage sec pour se diriger vers sa position.

Le dérapage à moitié contrôlé fût incroyable et une fumée blanche s'élevait derrière la Ford. Elle opéra un nouveau virage inattendu pour s’engouffrer dans une ruelle. Parfait. La police manqua de renverser un passant et fut contrainte de cesser la poursuite.

- 75-Adam à Central, on a perdu le véhicule cible. On a perdu le véhicule. À vous.
- Je m’en charge, répondit pour elle-même Batwoman à voix haute. Elle se propulsa à nouveau dans les airs, les gouttes d’eau fouettaient son visage. Elle observait le véhicule se frayer un chemin dans un dédale de ruelles, lorsqu’il fut suffisamment isolé, elle passa à l’attaque.

L’ombre de la Batwoman se dessinait progressivement sur le véhicule tandis que la justicière fondait sur ce dernier tel un oiseau de proie avant de violemment s’écraser contre le capot, fissurant le pare-brise et endommageant le moteur par la même occasion. Le véhicule s’immobilisa net et les trois hommes à l’intérieur hurlèrent simultanément leur surprise.

- Wow merde, qu’est ce que… Le conducteur se précipita sur la boîte à gants.
- C’est Batman, hurla le passager arrière, terrifié.
- Tire, bordel, le conducteur trouva l'arme dans la boîte à gant et un coup de feu retentit. La balle perfora le pare-brise, ce qui freina suffisamment le projectile afin que ce dernier s’écrase contre la combinaison kevlar de Batwoman qui, malgré l’onde de choc qui la déséquilibra légèrement, ne ressenti qu’une piqûre de guêpe. Le pare-brise, largement fragilisé, s’effrita sur les genoux du conducteur et du passager. Elle ne pouvait pas se délecter de leurs mines déconfites, masquée par des cagoules noires, mais elle parvenait parfaitement à les imaginer. Elle grogna tandis que les gouttes de pluies ruisselaient sur ses cheveux flamboyants et sa combinaison sombre.
- Tss… Vous n’apprendrez jamais.

Kate attrapa le conducteur à l’aide de ses deux bras, après l'avoir désarmé et l’extirpa par l’avant en le martelant de coup pour finalement le balancer au sol. Les deux autres pleutres profitèrent de ce lynchage en règle pour sortir de la voiture, et s’enfuir dans la direction opposée, mais une masse humanoïde sombre leur barrait la route.

- Hmpf, un sourire en coin se dessina sur les lèvres de Kate. Tu as pris ton temps, siffla t’elle à l’encontre de sa nouvelle partenaire, Dinah Laurel Lance, dont la silhouette se dessinait plus précisément dans l’obscurité de cette ruelle du Old Gotham.

Les deux fuyards auraient mille fois préférés les coups de la Batwoman au sinistre cri du Black damn Canary.

Le cri du canari était à la fois formidable et terrifiant. Avant sa première rencontre avec Dinah, Bruce lui avait parlé des capacités extraordinaires du Black Canary, une justicière capable de modeler les vibrations de ses cordes vocales pour produire des cris surpuissants. Et comme ce fut le cas à l’instant, elle était capable d’étourdir et de plonger n’importe dans le coma n’importe quel individu par la seule force des décibels de l’onde sonore qu’elle projetait.

Les deux hommes s’écroulèrent contre le sol en hurlant tout en plaquant leurs mains sur les oreilles pour tenter de se protéger du son insupportable suraiguë que venait de produire Dinah. Ils se roulèrent ensuite contre le sol mouillé de la pluie précédente avant de perdre connaissance.

Batwoman elle-même avait arraché le capot du véhicule pour le relever et tenter de se protéger, en vain. Personne ne pouvait se cacher du son. Mais à la distance à laquelle elle se trouvait, la sensation était plus désagréable qu’autre chose. Peut-être avait t’elle à peine ressentie un léger vertige, l’espace d’un instant.

- Désolée, j’ai dû me changer avant d’arriver. C’est pas facile d’enfiler des bas résilles en vitesse, j’aimerais bien t’y voir.
- C’est exactement la raison pour laquelle je n’en porte pas, sourit Kate tandis que Dinah enjambait les corps inertes des deux criminels. Le troisième type dont elle s’était occupé rampa au sol un bref instant, mais elle lui délivra un violent coup de pied au visage pour finir de l’assommer. C’est alors que Dinah la prit dans ses bras.
- Alors, à part… À part tout ça, quoi de neuf ? demanda t’elle.
- Écoute pas grand-chose, mais ne prends pas l’habitude de me serrer trop souvent dans tes bras, je pourrais bien ne plus m’en passer, répondit Kate avec un air malicieux.

Les deux femmes s’étaient rencontrés par l’intermédiaire du Green Arrow et de Batman. Les deux justiciers avaient eu l’occasion de collaborer à plusieurs reprises au cours des dernières années. Les diverses collaborations entre les deux équipes portèrent rapidement leurs fruits et Dinah et Kate s’apprécièrent tellement qu’elles gardèrent contact par la suite.

Parfois, les deux femmes se retrouvaient au Black Canary Club, et Kate s’envoyait tourner après tournées toute en admirant Dinah et sa voix incroyable faire le show pour les quelques curieux qui poussaient la porte de l’établissement.

Le bar était récent, mais Dinah était quelqu’un de sérieux et dévouée. Elle le tenait correctement, et parvenait à assurer le coup. Chaque semaine qui passait voyait la fréquentation de l’établissement augmenter, et il ne faisait aucune doute que dans les années à venir, le Black Canary Club sera un incontournable du Diamond District. Mieux. Un incontournable de Gotham. Kate attrapa le type étendu à ses pieds par le col et le traîna au sol.

- Je vois que tu as pris le temps d’échauffer ta voix avant de pointer le bout de ton nez. Elle s’approcha des deux autres criminels évanouis et lâcha celui qu’elle tenait. Elle se saisit de sa dague, et coupa les lacets de leurs chaussures pour les menotter avec, quitte à ce que la circulation du sang soit coupée. De toute manière, la police n’allait pas tarder à débarquer. Tu donnais un concert ce soir ? Mais à peine Dinah avait-elle répondu qu’une transmission de la police fut interceptée.
- Ici Central, nous avons un 10-59 dans le Old Gotham. Est-ce que j’ai une patrouille disponible en mesure de s’y transporter ? Terminé. Kate précisa à Dinah qu’il s’agissait d’un incendie en cours.
- Ici 71-Adam, on s’y transporte, répondit un patrouilleur affecté à la surveillance du quartier en question.
- Je vais prendre de l’avance, déclara Kate en dégainant son grappin. Tu n’auras qu’à suivre la fumée. On se retrouve là-bas ou tu as autre chose de prévu ce soir ?

- Helena ! hurla un homme qui se tenait dans son salon en proie aux flammes tandis que le plafond s’écroulait pour lui barrer l’accès à la cuisine dans un fracas assourdissant. Il tenta de s’approcher mais d’infernales flammes lui léchèrent le visage et le firent reculer de plusieurs pas en grimaçant de douleur.

- Jake ! sanglota son épouse de l’autre côté des décombres, piégée dans cette petite cuisine située au cinquième étage d’un bâtiment résidentiel. Des hurlements terrifiés d’enfants résonnèrent dans l’appartement, le visage de Jake adopta un air horrifié. Emporte les enfants, Jake ! hurlait la mère au foyer.

La chaleur était de plus en plus insoutenable, les flammes progressaient lentement, ravageant le mobilier et les lattes de bois qui habillaient le sol. Quelques poutres s’écroulaient par ci, par là et traversaient parfois le sol pour s’écraser quelques étages plus bas. Malgré le chaos ambiant, Jake restait tétanisé, incapable du moindre mouvement, incapable de prendre la moindre décision. Il pouvait seulement voir sa femme se plaquer contre la fenêtre ouverte de la cuisine, attendant d’être brûlée vive par les flammes. De l’autre côté de l’appartement, les appels de leurs deux enfants devenaient de plus insistant, mais il n’entendait plus rien, complètement focalisé sur la lueur flamboyante qui animait le feu. Il apercevait sa femme, Helena, devenir complètement hystérique, probablement en train de lui hurler d’aller sauver les enfants. Mais il en était incapable. Le simple fait d’imaginer que sa famille ne serait plus jamais la même avait suffit à lui faire abandonner toute envie de vivre. Jake souhaitait simplement se laisser mourir avec sa femme et ses enfants.

Tandis que les larmes d’Helena coulaient sur son visage brûlé, et se mêlaient à la suie noire du bois dévoré par les flammes, une terrible explosion de gaz l’engloutit avec la cuisine sous les yeux impuissants de son mari qui fût propulsé jusqu’au salon. Jake s’écrasa contre la table à manger et c’est au même moment que la vitre se brisa et qu’une silhouette sombre posa un genou à terre dans le salon.

Batwoman repéra très vite celui qui venait tout juste de se retrouver veuf. Elle bondit sur lui, et l’aida à se relever sans ménagement. Le temps pressait, mais il hurla de douleur, l’une de ses épaules était démise.

- Allez, courage ! hurla Kate en relevant l’homme qui se laissait tomber de tout son poids. Courage ! Une autre explosion retentit et les souffla contre le mur. Kate se releva en grognant lorsque des hurlements d’enfants parvinrent jusqu’à ses oreilles. Où sont les enfants ? Elle reporta son regard masqué sur Jake qui semblait déterminé à se laisser mourir, ayant perdu la femme de sa vie.

Batwoman ne perdit pas plus de temps et se jeta à travers les flammes qui l’empêchaient de sortir du salon. Elle traversa le couloir également ravagé par le feu, s’orientant uniquement à l’aide des cris. Elle s’écrasa finalement contre une porte et passa à travers en roulant sur elle-même.

Deux enfants en bas âge étaient prostrés dans un coin de ce qui ressemblait à une salle de jeux, à en juger les jouets en train de fondre à leurs pieds. Le frère et la soeur étaient accolés l’un à l’autre, complètement terrifiés, et lorsque Kate s’approcha, le plancher sembla se défausser de quelques centimètres. Les enfants hurlèrent de plus belle tandis que la justicière se figea littéralement sur place, sûre de ses appuis.

- Merde, jura t’elle tandis qu’elle faisait de son cerveau un véritable volcan. Mais à peine avait-elle eu le temps de trouver une solution au problème que le craquement lancinant se fît de plus en plus insistant. Katherine s'égosilla en tendant la main vers les enfants tandis que le sol se défaussait finalement sous ses pieds. La chambre entière bascula dans le vide tandis qu’une explosion soufflait au même instant l’étage inférieur.

Durant sa chute, Kate fût projeté à travers un mur en plâtre et traversa une fenêtre qui donnait sur l’extérieur. Durant sa retombée qui sembla durer une éternité, Katherine ne parvenait pas à se défaire du visage horrifié et sanglotant de ces deux enfants qu’elle n’avait pas su sauver, réveillant en elle d’anciens traumatismes qu’elle n’avait pas encore réussi à surmonter. Inévitablement, elle se remémora cet enfant sans vie que berçait avec tendresse la Dame qui pleure, dans ce hangar à bateau abandonné.

Encore une fois, ses vieux démons ressurgissaient, encore une fois, elle souhaitait elle aussi se laisser mourir. Mais les visages de Barbara, Dick et Jason lui revinrent à l’esprit, et le simple souvenir des bons moments passés avec eux lui donnèrent la force de dégainer son grappin. Elle ne pouvait pas mourir. Elle ne devait pas abandonner ceux pour qui elle représentait presque tout.

Elle pressa la détente de son bat-grappin, celui-ci se ficha sur dans la corniche d’un toit. Elle pressa le bouton déclencheur de son accélérateur de grappin, et fila à toute vitesse en direction du bâtiment dont elle venait d’accrocher le sommet. Batwoman s’envola finalement dans le ciel obscur de Gotham, et fit demi-tour, volant en cercle autour du bâtiment en flammes.

- Encore combien de familles à évacuer ? demanda Kate, la gorge serrée en pensant à cette famille qu’elle avait échoué à sauver.
- Il reste toujours les Jenkins, indiqua Mary, mais …
- Je n’ai pas pû… regretta Kate, presque incapable de prononcer ces mots. C'est devenu hors de contrôle ... Il fallut quelques secondes à Mary pour réaliser ce qu’elle venait de lui annoncer.
- Il n’y a plus rien à faire j’imagine… Laissons les pompiers faire leur travail… proposa Mary. Et Kate… elle voulut essayer de rassurer sa demi-sœur, mais cette dernière l’en empêcha.
- Laisse tomber, répondit elle avec amertume.

Tandis qu’elle survolait le pâté d’immeubles adjacent, Batwoman repéra une silhouette immobile au milieu d’une des nombreuses ruelles. Le lampadaire sous lequel elle se tenait révélait sa crinière blonde, mais attira également l’attention de Kate sur le corps qui gisait à ses pieds. La justicière ajusta sa trajectoire de vol, et se posa doucement aux côtés de Dinah.

Le Black Canary se tenait à côté du corps d’une femme, ses vêtements déchirés laissaient entrevoir d'insistantes traces de scarification. Plus énigmatique encore, ses vêtements présentaient des traces de suie.

- Voilà qui explique pourquoi tu as mis autant de temps à venir… Elle marqua une pause et examinant plus longuement les cicatrices faites à l'aide d'une lame. Je sais que Gotham a son lot de dégénérés, mais je n'ai jamais rien vu de pareil...

- Je ne crois pas qu’elle soit morte ici… déclara Dinah. Batwoman se rapprocha un peu plus du cadavre avant de s’agenouiller, prenant garde à ne pas toucher la flaque de sang. Mais après, des détails ont pu m’échapper.
- Evidemment que certains détails nous échappent … insista Katherine, perplexe, autrement nous aurions déjà le meurtrier entre nos mains. Nous serions déjà en train de lui faire regretter d’avoir ôté la vie à cette femme. Kate examina de plus près les vêtements que portait la victime, la robe qu’elle portait semblait brûlée sur ses extrémités. De plus, son visage était assombri par une fine pellicule sombre. Je ne pourrais pas déterminer si cette odeur de brûlé provient de mon costume ou de cette femme. Mais d’après cette fine couche de ce qui ressemble à de la suie sur son visage et ses cheveux, d’après l’extrémité brûlée de ces vêtements et ton analyse préliminaire qui indique que le sang est encore frais… Batwoman se releva et se retourna vers l’autre extrémité de la ruelle, celle qui donnait en direction du bâtiment en flamme. Cette femme vivait dans ce bâtiment qui vient d’être dévoré par les flammes. Plus étrange, comme tu le sous-entends, elle semble, elle aurait été tuée puis déplacée jusqu’ici ? Pourquoi ? Kate rassembla les éléments qu’elles avaient en leur possession pour tenter de reconstituer la scène de crime et le déroulé des événements. Mary ? fît elle en portant une main à son oreille. Concernant l’incendie, hormis les Jenkins, tu es certaine que la police et les pompiers ne signalent pas de disparus supplémentaires ?
- Non, pourquoi ? demanda sa demi-sœur.
- Je suis avec Laurel … Le regard des deux justicières se croisa inopinément un bref instant, mais Kate comprit très vite pourquoi c’était arrivé. Je suis avec Dinah…
- Oh ! Black Canary ! Vraiment ? J’ignorais que vous vous connaissiez ! s’exclama l’informaticienne au bord de l’hystérie. Il paraît qu'elle chante ? J'adorerai l'entendre sur du Frank Sinatra. Tu sais ... Elle entonna un air de Jazz et commença à chanter ...  Blue moon ...You saw me standing alone ...
- Je ne crois pas que ce soit son genre...
- Non mieux ! Elle entonna un rythme plus rapide en faisant claquer ses doigts. I got spurs ... My jingle Jangle jingle ...
- Mary, bon sang fermes là, tu veux ? L’incendie ! s’agaça Kate en s’éloignant un peu, gênée à l’idée que Dinah puisse entendre sa demi-sœur s’extasier à l’idée que les deux femmes travaillent ensemble. Dinah est tombée sur le cadavre d’une jeune femme, la trentaine d’années, je dirais, son corps est couvert de plaies et de marques de scarifications.
- Des tendances suicidaires ? demanda Mary, perplexe, désormais pleinement concentrée.
- Je ne sais pas, mais Dinah a mentionné un certain Victor Zsaz, coutumier de ce genre de crimes. Ça te parle ?
- Bof, vous pensez qu'elle a été assassinée ? s’étonna la jeune femme à l’autre bout de la communication.
- La piste du suicide est peu probable, d’autant que le corps semble avoir été déplacé. Les vêtements sont en lambeaux et ont été brûlés par endroit. Le visage et les cheveux de la victime sont couverts de suie.
- Oh mon dieu…
- Le sang au sol est encore frais, mais il n’y a aucune projections autour du cadavre. Les faits n’ont pas été commis dans cette ruelle, continua Kate qui essayait toujours de recoller les morceaux. Répéter les éléments en sa possession à l’oral l’aidait à matérialiser les faits. On ne pourra pas aller sur les lieux du crime, et puis de toute manière avec cet incendie. Peu de chance de pouvoir exploiter le moindre indice.
- Où te trouves-tu ?
- Entre la 45ème et la 46ème.
- A proximité de l’incendie donc. Celui-ci s’est déclaré il y a moins de dix minutes, alors votre homme est certainement encore dans le coin. Elle marqua une pause, puis soupira. À moins qu’il ne se soit enfui en véhicule. Le sang de Katherine ne fit qu’un tour.
- Impossible, j’ai survolé ce bloc en arrivant sur les lieux de l’incendie, il n’y avait aucun véhicule en circulation à proximité ! Kate couru jusque dans la rue, et balança son regard de la droite vers la gauche, à la recherche de quelqu’un de suspect. Il y avait un peu de circulation, quelques passants, mais rien qui ne sortait de l’ordinaire. Dinah ! hurla Kate en se rapprochant à nouveau de son amie. Il est certainement encore dans le coin, l’incendie remonte à une dizaine de minutes, et il est évident que cette femme habitait dans cet immeuble en flamme.

Kata attrapa un batarang et la lança au-dessus de la tête de son amie. Le projectile fila à toute vitesse, fendant l’air avec aisance, avant de s’éclater contre le mécanisme de déverrouillage d’une échelle permettant d'accéder aux escaliers de secours extérieur de l’un des immeubles qui bordait la ruelle dans laquelle elles se trouvaient.

- Prends les toits ! Je serais dans les airs. En l’absence de moyens de communications, on ne s’éloigne pas trop l’une de l’autre ! conclut Kate avant de dégainer sa batgriffe. Mary ? demanda t’elle ensuite tout en visant le sommet de l’un des immeubles.
- Je suis déjà en train d’éplucher ce qui a été rendu public à propos de ce Victor Zsaz. Batwoman s’envola une nouvelle fois dans le ciel de Gotham grâce à son accélérateur de grappin. D’après les quelques articles que j’ai pu feuilleter, ce type est un vrai taré. Elle laissa échapper un cri mêlé de surprise et de dégoût. Tu savais qu’il se tailladait au couteau à chacune de ses victimes ? Il en aurait plus d’une centaine sur le corps ! Et ... Oh.
- Quoi ? s'empressa de demander Kate.
- Ses victimes sont exclusivement de sexe féminin. Elle marqua une pause et relu une seconde fois l'article. C'est un putain de monstre !
- Il faut absolument le retrouver Mary, cherche ses points de chute ! ordonna Batwoman qui surveillait la progression de Dinah tout en ayant un regard plus global sur ce qu’il se passait au-dessous d’elle.
- Je suis dessus ! Oh et Kate ? La justicière ne répondit pas, mais se montrait tout ouïe. Je veux aller boire un verre au Black Canary club après tout ça !
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Il ne les voyait plus. Il n’y avait plus aucun bruit. Il en était certain. L’une s’était envolée à l’aide d’un grappin, l’autre avait emprunté les escaliers de secours de ce bâtiment. Un type souleva délicatement le couvercle de l’une des nombreuses poubelles de cette ruelle étroite. Il s’assura qu’il n’y avait effectivement plus personne sur place avant de violemment repousser l’opercule qui l’enfermait dans cette benne à ordure. Un sourire illuminé déformait son visage dénué de sourcils. Mais ce sourire disparu tout aussi vite qu’il se rendit compte de l’odeur pestilentielle qu’il portait sur lui.

- Bah ! Ca passera, conclut finalement Victor Zsasz en s’approchant de celle qu’il avait assassiné de sang-froid quelques minutes plus tôt. Ses traits hallucinés se transformèrent finalement en une expression carnassière et inquiétante. Il s’agenouilla dans la mare de sang qui s’était formé autour de la victime puis caressa délicatement son bras nu et dénué de toute vie. Il renifla. J’ai cru l’espace d’un instant que je n’aurai jamais l’occasion de sceller notre union, déclara t-il avec une passion lugubre et malsaine. Il s'était planqué en apercevant Batwoman survolait le quartier. J’aurais aimé que nous passions plus de temps ensemble, ma belle, fît il en sortant une lame longue de dix centimètres de son pantalon. Mais tu me connais, je suis incapable de me contenter de ce que j’ai déjà. Il souleva son t-shirt et caressa l’un de ses pectoraux avec le métal froid de la lame. Et il ne faut pas abuser des bonnes choses. Il fut parcouru d’un frisson si intense qu’il l’empêchait de garder les yeux ouverts et le fît trembler d’extase. J’ai une place toute particulière pour les femmes comme toi. Zsasz planta légèrement la lame de son couteau dans son pectoral et commença à tracer une ligne de quelques centimètres, tout en se délectant de cette souffrance qu’il appréciait tant. Une place proche du cœur, déclara t-il ensuite langoureusement tandis que son propre sang coulait sur son ventre avant de porter la lame froide à ses lèvres, s’empressant ensuite de la lécher. Je dois te laisser, maintenant, pardonne-moi. Il attrapa la main de sa victime, et la recouvrit avec sa deuxième main. De toute façon, je dois t’avouer quelque chose…

...J’ai un faible pour les collants et les bas résilles.