Les sorcier du dimanche- feat Batwoman [TERMINE]

Dix disparitions en l’espace de quelques jours. Dix fillettes, à peines pubères enlevées à leurs familles dans des circonstances toutes plus étranges les unes que les autres. Il y avait toutefois une chose sur laquelle les différents témoignages des parents effarés s’accordaient. Toutes avaient été enlevées en pleine nuit, mais aucune trace d’effraction n’avait jamais été relevée par les équipes chargées des prises d’empreintes criminalistiques. Pas un bruit, pas une trace, seule une étrange odeur de soufre persistait dans l’air au petit matin, alors que les parents découvraient avec horreur les lits vides dans lesquels ils avaient couché leurs petites la veille au soir.

Quelque chose n’allait pas, aucune explication rationnelle ne pouvait expliquer ses disparitions. La thèse des fugues avait été écartée très rapidement, lorsque les enquêteurs effectuèrent le rapprochement entre les trois premières disparitions.

Évidemment, le caractère presque surnaturel de l’affaire avait attiré l’attention de Mary qui n’en ratait décidément pas une. Le paranormal, c’était un domaine qui permettait d’attiser sa curiosité maladive. Un domaine qui permettait de confronter son intelligence et son esprit mathématique, car aucune science ne pouvait expliquer ce genre de faits.

Du moins aux premiers abords, car dans la plupart des cas, ces affaires étranges trouvaient finalement des explications tout à fait terre-à-terre et leur caractère surnaturel était simplement le fait de rumeurs et de récits déformés. Volontairement ou non. Katherine avait déjà travaillé sur une enquête similaire par le passé.

C’était, il y a peut-être trois ou quatre ans. À l’époque, Maggie Sawyer, sa compagne, était chargée d’enquêter sur les disparitions d’enfants dans le quartier latin de Gotham. Avec le recul, il était d’ailleurs étonnant de constater que bien souvent, ce genre d’affaire débutait par des disparitions inquiétantes. Sauf que dans le cas de cette affaire-ci, les enfants étaient systématiquement retrouvés quelques jours plus tard… Noyés. Les enfants étaient arrachés à leurs parents, parfois en pleine journée, lorsque ces derniers ne prenaient pas garde aux activités de leurs enfants. Une minute d'inattention, une simple baisse de vigilance suffisait pour que celle qui fût nommée “La Llorona” la dame qui pleure pose son étreinte sur les petits.

La dame qui pleure était une ancienne légende urbaine latine, celle-ci racontait qu’une femme, trop alcoolisée, fût un jour incapable de remarquer que ses propres enfants se noyaient à proximité. Rongée par la culpabilité, elle se noya également, mais Dieu lui refusa une place à ses côtés, préférant la faire payer en condamnant son âme à des tourments éternels. Ainsi, “La Llorona” punissait les parents négligents pour leur manque de vigilance en plongeant le visage des enfants sans surveillance sous l’eau.

Mais “La Llorona” était bien plus réelle qu’elle ne le laissait croire. Du moins, celle responsable des disparitions de l’époque, et Kate la renvoya à Arkham.

Outre sa sinistre conclusion, qui exposa encore une fois la sauvagerie dont pouvait être capable le genre humain, cette affaire différait de l’actuelle. Là où Kate, après plusieurs jours d’enquêtes, n’avait aucune autre piste qu’une odeur de soufre, l’enquête contre la “Llorona” avait laissé plusieurs indices d’importances exploitables, laissant présumer une activité humaine.

Kate se surprit à penser à ce que étonnamment elle ne pouvait concevoir. Est-ce qu’une force mystérieuse arrachait ces enfants à leurs parents ? Dans quel but ? Étaient-ils tués ou simplement retenus quelque part ? C’était l’impasse, et le mur auquel elle était confrontée semblait infranchissable.

Les deux soeurs se retrouvèrent finalement le temps d’une soirée pour faire une nouvelle fois le point sur les éléments qu’elles avaient en leur possession. Maggie avait pû leur obtenir les dépositions des parents et autres pièces de procédures relatifs aux actes d’enquêtes réalisés par les inspecteurs Chandler et Driver. Elles croisèrent toutes les informations ensemble mais rien, absolument rien ne laissait présager quoi que ce soit sur l’identité du ou des auteurs des faits.

Il était tard dans la nuit, et Kate avait abandonné depuis bien longtemps, se perdant finalement dans un livre sur l’ésotérisme qu’elle avait attrapé sur la bibliothèque de Mary. Son appartement était une mine d’information pour les amateurs de sciences alternatives ou occultes.

- John Constantine ! s’écria t’elle finalement, faisant sursauter Kate qui laissa son livre tomber au sol.
- Pardon ? Mary fît glisser sur la table une revue paranormale affublé du portrait de l’individu dont elle venait de prononcer le nom.
- Le célèbre détective du paranormal ! Kate se baissa pour ramasser l’ouvrage qu’elle avait laissé échapper, puis le laissa lourdement retomber sur la table en chêne lustré. Elle ne prît même pas la peine de consulter le magazine qu’avait fait glisser sa demi-soeur.
- Mary je… Il est tard … Crache le morceau.
- Attends ! rétorqua t’elle, choquée. Ne me dis pas que … Elle s’arrêta net, tout en faisant de grands yeux interloqués. Kate haussa les épaules, épuisées et lassées par cette nuit de travail encore infructueuse.
- Non, je ne connais pas ce type, elle se leva de sa chaise en baillant, bras écartés. Quelque chose craqua lorsqu’elle s’étira, sans être sûre de ce que c’était. J’y vais. Sinon, je vais encore devoir me coltiner le canapé.
- Kate, cette affaire n’a rien de normal, tu le sais aussi bien que moi. L'intéressé s’arrêta sur le pas de la porte, elle venait d’enfiler une veste en cuir noir.
- Qu’est ce qui relève du normal dans cette ville ? soupira t’elle finalement en sortant de l’appartement.
- Emporte au moins le magazine ! hurla Mary pour qu’elle puisse l’entendre depuis le pallier, mais Kate ne revint pas.

Quelques jours plus tard, Kate pistait le détective. Mary était parvenu à la convaincre, mais chose encore plus étrange, il semblait s’intéresser à l’affaire des enfants disparues. Elle l’avait aperçu plusieurs fois à proximité des domiciles des parents. Jamais elle n’avait fait attention à lui jusqu’à se remémorer son portrait sur ce magazine.

Cette nuit, elle était là, dans le parc de Gotham, tapie dans l’ombre, observant passivement le Britannique tirer allègrement sur la clope qu’il tenait entre ses lèvres. Il était au téléphone ? Rares étaient les personnes qui en possédaient. C’était bien trop cher pour le citoyen lambda. Peut-être que finalement, cet homme n’était pas un imposteur. Peut-être qu’il y avait un véritable business autour du surnaturel. Mary n’était peut-être pas si perchée après tout.

Constantine raccrocha, puis se dirigea vers la sortie du parc, marchant de longues minutes pour finalement atteindre un bâtiment abandonné, presque en ruine à l’extérieur de Gotham.

- Qu’est-ce que tu fabriques… murmura Kate tandis que le détective poussait une vieille porte en bois qui poussa une longue complainte étouffée. La porte se referma derrière lui. Bien. Mary ?
- J’écoute.
- Ton pote, Constantine. Il est entré dans un vieux bâtiment désaffecté à l’extérieur de la ville. Tu reçois ma position ?
- Oui, tu vas entrer ?
- Et découvrir ce qu’il sait sur cette histoire, répondit Kate, acerbe.
- N’oublie pas que quoi qu’il se passe, il est de notre côté, l’averti Mary, incapable de faire l’impasse sur l’admiration qu’elle éprouvait pour cet homme.
- Les gens peuvent se révéler décevant, Mary. Tu devrais le savoir depuis le temps.

Kate s’approcha de la bâtisse dont l’ombre inquiétante était projetée au sol par les rayons de la lune et poussa à son tour la vieille porte en bois, la soulevant légèrement pour l’éviter de grincer. Rien de notable dans cette première pièce qui devait faire office d’accueil pour une quelconque entreprise, il y avait encore le guichet et quelques chaises vissées au sol. Le sol était sale et poussiéreux. L’endroit respirait l’humidité, mais empestait également d’une odeur un peu moins singulière que la justicière ne parvenait pas à identifier. A sa droite, un long couloir, paré des multiples portes, l’une était ouverte. Une lumière inhabituelle provenait de la pièce.

La Batwoman s’approcha à pas de loup, évitant soigneusement, débris et morceaux de verre au sol. L’obscurité était son arme la plus efficace, et avec son masque infrarouge, elle s’y sentait comme chez elle. À mesure qu’elle approchait à tâtons, elle entendait de plus en plus distinctement les pas de Constantine.

Elle s’immobilisa sans franchir la ligne d’arrêt du pas-de-porte, portant attention au moindre bruit. Il semblait seul, la lumière à l’intérieur vacillait et semblait de plus en plus étrange.

- Tu m’étonnes.

Il parlait tout seul ? Elle n’avait pas rêvé. Batwoman dégaina son pistolet à impulsion électriques, juste au cas-où. Elle se souvenait des paroles de sa demi-sœur, et de la confiance aveugle que plaçait cette dernière en Constantine. Kate, suis ton instinct, ne te laisse plus berner. Reste sur tes gardes, disait son for intérieur.

Elle referma sa prise sur son pistolet à impulsion et entra silencieusement dans la pièce. John se tenait face à elle, sa main rayonnait de mille feux, c’était éblouissant, littéralement. Kate dû se protéger les yeux avec une main le temps de désactiver sa vision infrarouge.

Le détective se tenait au milieu d’un vrai charnier, et il y avait… Cette odeur… De soufre. Était-il liés à ces disparitions ou tout simplement sur la bonne piste pour en démasquer les auteurs ?

Kate n’avait pas tout de suite réalisé, mais sa main… Sa main rayonnait et d’étranges glyphes apparaissaient autour. Incapable de savoir si ce qu’elle voyait était réel ou non, incapable de faire preuve de la moindre pensée rationnelle. Sa main brillait et elle ne pouvait pas se l’expliquer. Elle pointa son arme vers lui, un peu déstabilisée, car c’est tout à fait humain et primaire : l’inconnu effraie.

- John Constantine ? Elle marqua une pause pour reprendre ses esprits. On va avoir une discussion. Une autre pause, elle sentait sa gorge s’assécher. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ici, fît t’elle en désignant le sang et le corps mutilé dont le visage semblait avoir été arraché. Je ne sais pas comment vous faites ce que vous faites, continua la justicière en s’attardant ensuite sur la lumière qui émanait de sa main. Mais vous avez intérêt à avoir une sacrée bonne argumentation pour m’expliquer tout ce merdier.grogna t'elle finalement. Où sont les petites ?

- Si vous avez l’intention de m’aider, venez, cherchez avec moi. Sinon, veuillez ne pas traîner dans mes pattes, je vous en serait reconnaissant.

L’accent anglais était charmant, mais le type qui le portait tendait à être insupportable. Son arrogance n’avait d’égal que son accoutrement débraillé. Il lui proposait de l’aider, mais il ne lui inspirait aucune confiance. Cela était dû à son attitude, mais également à cette manière qu’il avait d’illuminer ses mains. Comment était-ce possible ? Des êtres extraordinaires, Katherine en avait combattu : Killer Croc, Poison Ivy et plus récemment… Man-Bat. Mais aujourd’hui, c’était différent. Cet homme, John Constantine semblait bercé d’une aura surnaturelle. Quelque chose de malsain et de profondément mauvais se dégageait de cet homme qui enquêtait pourtant sur la disparition de ces jeunes filles.

Une simple question se posait alors : était-il un problème ou les attirait-il à lui ?

L’Homme craint l’inconnu et ce qu’il ne peut expliquer, et Kate n’échappe pas à la règle. Bien que ce ne soit pas vraiment de la peur qu’elle ressente en bloquant son regard sur la main illuminé du détective. Serait-ce plutôt de la crainte ? La crainte du véritable pouvoir qui pouvait l’habiter ? Sa réputation le précédait, et même s’il ne faisait pas l’unanimité, il semblait résolu à percer les mystères du paranormal. De ce fait, il ne représentait pas une menace directe pour Kate. Mais s’il était capable d’illuminer une pièce en claquant des doigts, de quoi était-il encore capable ? Pouvait-il projeter la foudre ? Provoquer un brasier ? Et si toutes les histoires que Mary lui avait fait lire étaient vraies ? Les démons, existaient-ils vraiment ?

Pire… Les disparitions de ces jeunes filles étaient-elles véritablement liées à une source démoniaque ?

Elle mit brusquement fin au tourbillon de pensées qui semblait l’aspirer dans un effrayant tréfond ésotérique. Cette odeur de soufre devint de plus en plus désagréable après qu’elle soit parvenue à l’ignorer. Elle toussota.

- Bah, cette odeur… Fit-elle en chassant l’air devant son nez. Écoutez, fit elle tandis que John tâtait le sol de la pièce du pied, à la recherche d’une quelconque trappe. J’ai lu tout un tas de choses à propos de vous, de vos enquêtes… De vos dons… Et bien que… Elle désigna sa main illuminée du doigt. Bien que je concède l’existence de vos dons hors du commun. Je ne peux pas me résoudre à croire une seule seconde que des forces démoniaques puissent être à l’œuvre pour faire sombrer l’Humanité… Ou je ne sais quelle autre histoire ou mythe incroyable. Elle s’avança vers lui. La seule chose dont je suis sûre, c’est que ces gamines ont disparu et que les dernières traces d’elles se trouvent…

Katherine s’immobilisa. Dans sa marche, quelque chose d’étrange attira son attention. John disait être à la recherche d’une trappe. Or, son dernier pas avait sonné creux lorsque sa botte se posa sur le sol poussiéreux.

- Vous cherchiez une trappe ? Elle s’agenouilla et remarqua une poignée qu’elle tira. La voici. C’était verrouillé, bien évidemment. Heureusement, depuis quelque temps, elle ne sortait plus sans le gel explosif de Bruce. Elle appliqua la substance visqueuse à l’aide d’un pistolet à colle. La formule moussa un instant puis se solidifia. L’applicateur était équipé d’un interrupteur protégé par un capot en plastique qui faisait office de sûreté. Reculez, fît elle avant de presser le bouton.

Une déflagration brève et sourde retentit, tout en projetant des copeaux de bois et de plâtre à travers la pièce. L’odeur de soufre s’intensifiait, et semblait se mélanger à quelque chose de putride qui provenait directement des soubassements. Katherine fut prise d’un haut-le-cœur. La déflagration de son gel explosif avait secoué la poussière de la pièce, celle-ci flottait désormais gracieusement dans l’air. Kate reporta son regard sur Constantine, et désigna la trappe ouverte de la main, elle l’enjoignait à entrer en premier. Elle ne savait pas encore dans quoi elle s'embarquait ce soir, mais l'inquiétude grandissait en elle. Elle ne croyait pas aux histoires de fantômes et de monstres, mais un mauvais pressentiments l'envahissait petit-à-petit.


- C’est vous l’expert.

Et si toutes les histoires autour de Constantine étaient vraies ?

Batwoman s'engouffra dans l'obscurité à la suite de l'expert en magie noire après que ce dernier l'ai devancé, et éclairé la pièce qui se trouvait sous leurs pieds. Ce qu'ils découvrirent la laissa perplexe. Constantine continuait d'émettre de la lumière avec ses mains, ce qui leur offrait tout le loisir d'admirer les curieuses inscriptions occultes et très certainement malveillantes qui habillaient les murs sales et rongés par l'humidités de ce sous-sol miteux. Kate ne comprenait absolument rien à ses phrases écrites dans un langage dont elle ne connaissait absolument rien. Elle était également incapable d'expliquer la signification de la multitude de signes et dessins qui les accompagnaient. Parfois, elle reconnaissait un pentacle ou un dessins à consonance religieuse et satanique. Mais c'était uniquement dû aux faits que certains d'entre eux étaient désormais gravés dans la culture populaire grâce à tout un tas d’œuvres touchant au surnaturel. D'ailleurs, bien souvent, leurs connotations différaient très largement de celles dépeintes au cinéma ou dans les romans.

Malheureusement, John confirma ses craintes qui, au fond de son âme, se muèrent de manière totalement sourde en terreur. Ces dessins et ces formules ... Ces ensembles putrides d'inscriptions sanguinolentes ... Ils avaient pour but d'invoquer les démons. Ici, sur cette Terre. Dans quel but ? Kate l'ignorait. Mais comme le démonologue l'avait sous entendu quelques instants plus tôt, certains d'entre eux, en plus de se nourrir de nos péchés et de s'amuser avec les craintes et les peurs des hommes, ne s'épanouissait que dans la mort de ceux qu'ils approchaient.

- Merde... souffla Kate dans une expiration à peine perceptible. Les sens plus affûtés que jamais, sentant son esprit céder petit à petit à la paranoïa et la psychose. La simple lueur instable qu’émettait la magie de Constantine, faisait danser des ombres sur les murs. Incapable de faire la différence entre son imagination et la réalité, certains lui paraissait prendre des formes floues et inquiétantes, sans toutefois parfaitement distinguer ce qu'elles représentaient. Le moindre son, le moindre bruit, le moindre souffle qui parvenait à ses oreilles averties prenaient une toute autre dimension et semblait se déformer. Le simple écho à peine perceptible des mots que John prononçait suffisait à faire naître en elle un profond sentiment de malaise.

John désigna une table, contre l'un des murs. Il n'y avait rien dessus. Le bois était simplement gravé d'un symbole que Kate n'avait jamais vu et qu'elle était serait bien incapable de décrire tant il était abstrait.

- C’est le symbole d’une secte que j’ai déjà affronté. Ils œuvrent à Liverpool, je pense qu’ils sont répartis dans le monde en plusieurs branches, expliqua l'expert dans l'art de la magie noire.

Ainsi, des dégénérés parvenaient à se réunir pour procéder à des rites tribaux et occultes dans le but d'invoquer un ou plusieurs démons. C'était définitif, Kate avait désormais la désagréable sensation de se trouver au beau milieu d'une série B. Le problème étant que tout ceci était bien réel. Les faits étaient là, sous ses yeux. Des gamines avaient été enlevées, et leurs traces menaient à cet endroit. Elles avaient étés séquestrées dans ce sous-sol, ou tout du moins, leurs kidnappeurs les avaient traînés par ici. Ce sous-sol suintait la détresse, la peur et la souffrance. Des choses atroces s'étaient produites ici, Kate le sentait, c'était viscéral. Elle distingua une chaise au pied brisé dans l'un des coin de la pièce. Elle s'approcha et se contenta d'examiner l'objet sans prendre la peine de se baisser. Un simple coup d’œil lui permettait d'imaginer ce qu'elle refusait. Constantine continua.

- Leur spécialité est de se laisser posséder par un démon, laissant le plein contrôle à ce dernier. Souvent ils se font passer pour des gens normaux, comme vous et moi. Mais en réalité ils approchent les personnes vulnérables, âgées ou enfants, puis les sacrifient.

Il y avait du sang séché un peu partout sur le sol. Kate avait juste à fermer les yeux pour entendre les cris de détresse des pauvres victimes. Combien de ces petites avaient vu leur propre sang couler dans cette pièce ?  Le démonologue reprit.

- ... Leur but était de simplement s’amuser. Par moment ceux de Liverpool, violaient leur victime ... Le cerveau de Kate bloqua complètement sur cette dernière phrase. Tant bien qu'elle n'entendit même plus les propos suivants que tint John. Ils les... Violaient. Le mot résonna plusieurs fois dans son esprit. A tel point qu'il imprégna totalement son subconscient. Kate fût tout d'un coup pris d'une violente nausée qu'elle s'efforça de réprimer en s'appuyant d'une main contre le mur. Tandis qu'elle reprenait le contrôle total de sa respiration, elle remarqua une porte en bois entrouverte.
- Si nous avons la moindre chance de sauver l'une de ces enfants. Alors nous n'avons plus le temps de discuter. Katherine s'éloigna du mur et secoua brièvement la tête, comme après un shooter trop corsé que vous avaliez cul-sec. Vous m'en avez bien assez dit sur ces dégénérés. Elle s'approcha de la porte et la poussa lentement du bout de ses doigts gantés. Elle grinça longuement. Je passe devant, déclara simplement la justicière en s'engouffrant dans l'obscurité.

Une simple encoche enclenchée sur son masque suffit à activer la vision infrarouge dont il était doté. C'est ainsi que Kate s'avança prudemment dans le long couloir qui s'offrait à elle. D'un simple coup d’œil, elle s'assura que John était bien derrière elle avant de continuer. A mesure qu'ils progressaient, les murs semblaient de plus en plus couvert de cette immonde couche d'humidité qui gangrenait la pièce qu'ils venait de quitter. Pire, l'odeur de soufre semblait se mêler à celle de la chair en putréfaction. La justicière fût prise d'un haut le cœur et s'immobilisa brièvement, luttant pour ne pas vomir ses organes.

- C'est bon... assura t'elle aussitôt en reprenant la marche. Elle s'immobilisa une seconde fois. Cette fois-ci elle était persuadée d'entendre quelque chose. Elle leva la main, se retourna vers John et posa son index sur ses propres lèvres pour lui intimer de se taire. C'était presque imperceptible, mais quelqu'un sanglotait à l'autre bout de ce couloir et au timbre de la voix, Kate mettait sa main à couper que c'était une jeune fille. A mesure qu'ils progressaient dans le couloir, le hoquet des lamentations s'intensifiait. Kate accéléra le pas sans même vérifier que son compagnon d'infortune la suivait. Une de ces gamines était en vie. Batwoman accéléra encore, adopta l'allure d'un pas de course et s'écrasa finalement contre la lourde porte qui lui avait fait face.

Katherine était incapable de se souvenir de ce qu'elle avait vu en premier. Avait-elle d'abord vu les cadavres mutilés ou cette jeune fille nue et recouverte de marques ensanglantées, prostrée dans un coin de la pièce ? Peut-être que ce qui la frappa en premier fût cet homme torse nu, avec la peau sur les os qui prononçait d'étranges incantations ? Ou alors cette seconde jeune fille, un peu plus âgée que la première. Nue également, mais éventrée au milieu d'un signe peint dans l'hémoglobine et semblable à celui qui avait été gravé sur cette table que John lui avait désigné. Katherine ne se souvenait plus de ce qu'elle avait vu en premier. Tout était arrivé trop vite. La seule chose dont elle se souvenait ... La seule chose qu'elle imaginait encore parfaitement la nuit, dans son lit, en pleurs, blottie dans les bras de Maggie. C'était cette volute informe et terrifiante qui émanait des entrailles encore dégoulinantes de sang de cette jeune fille qui n'était finalement pas encore morte, assistant impuissante à sa propre mise à mort. Incapable d’émettre le moindre son. Cette chose qu'elle avait à peine distingué, s'était élevée dans l'air, semblable à un spectre difforme avant de transpercer cet homme à moitié nu en laissant échapper un hurlement terrifiant. Le sang avait giclé, et le visage de Kate en avait été recouvert.

La seule chose qui hantait encore ses nuits et provoquait chez elle d'intenses terreurs nocturnes était ce terrible concentré de haine, de terreur et de souffrances qui l'avait littéralement envahi alors que cette chose invisible semblait être entré en elle après avoir fait exploser la cage thoracique du cultiste.

Cette chose étaient entré en elle, et n'était jamais ressortie... La laissant simplement s'évanouir sous les yeux terrifiés et à demi clos de cette petite fille prostrée dans le coin de cette pièce putride. La laissant simplement percuter lourdement le sol alors qu'elle ne discernait même plus la silhouette de John Constantine qui se précipitait à l'intérieur de la pièce.

Cette nuit là, tandis qu'elle tombait dans un profond coma, quelque chose avait décidé d'élire domicile au fin fond de son âme.